Lecture dans le cadre des challenges :
Le vieux Lord Durisdeer
a deux fils qu tout oppose. Si l'aîné, James, qui porte le titre de
Maître de Ballantrae, est un libertin impénitent, violent et
séducteur, le cadet, Henry, est un pâle jeune homme au visage
vieilli avant l'âge, cachant néanmoins une âme généreuse sous
une apparence peu amène et morose.
Dans cette première
moitié du XVIIIe siècle, le prince Jacques-Édouard Stuart débarque
en Écosse pour chasser Georges II du trône d’Angleterre,
déclenchant une guerre civile meurtrière. Dans cette lutte
incertaine, les Durisdeer décident d'opter chacun pour un parti :
l'un ira offrir son épée au Prétendant, et l'autre fidèle au roi
Georges, restera au château. Le sort en ayant ainsi décidé, James
rejoint le rang des rebelles, laissant Henry veiller sur Ballantrae.
La bataille de Culloden met un terme à la rébellion , et l'écuyer
de James vient annoncer sa mort. Pourtant, le souvenir du Maître de
Ballantrae ne cesse de hanter les lieux.
L'île
au trésor, c'est de l'aventure à l'état pur !
Dr
Jeckyll et Mr Hyde, c'est le fantastique avec le thème du bien et du
mal !
Le
maître de Ballantrae est une synthèse où l'aventure s'orne d'une
aura mystérieuse et d'une ambiance très sombre, toutes deux issues
des abîmes de l'âme humaine. On retrouve dans ce récit, moins
connu de l'auteur toutes les différentes inspirations qui ont marqué
les autres œuvres de l'auteur.
L'aventure
en premier lieu car l'intrigue nous emmène sur les champs de
bataille de cette guerre de pouvoir et de religion qui opposait les
protestants du roi Georges aux catholiques du prince Charles. De
l'univers de la piraterie au Nouveau Monde encore peu colonisé dans
certaines régions où s'opposent les Anglais et les Français. D'un
territoire encore sauvage aux mains des Indiens où l'aîné de deux
frères a caché son trésor issu de son passage parmi les pirates. A
plusieurs reprises des Highlands si chers à Walter Scott à l'Inde
coloniale, l'auteur nous emporte dans des voyages merveilleux à
travers des paysages merveilleux aux descriptions forts imagées qui
permettent sans peine, au lecteur, de s'immerger pleinement en des
lieux et des époques qui sont autant de découvertes.
En
second lieu, le fantastique, avec cette lutte acharnée du bien
contre le mal qui sur plus de vingt ans , par l'intermédiaire du
régisseur du domaine de la famille qui nous conte l'histoire,
opposent les deux frères aux caractères diamétralement opposés.
Une rivalité qui ne va sans cesse grandissante entre ces deux êtres,
que l'auteur, à un moment du récit, va même jusqu'à comparer la
situation avec le récit biblique D'Esaü et Jacob, fils d'Isaac.
Deux
frères aux caractères bien différents, l'aîné vif, courageux,
flamboyant, préféré bien entendu du père, au cadet, effacé,
terne, ennuyeux et qui n'arrive pas à tenir tête à son aîné. La
guerre de religion, sur un tirage au sort puisqu'ils n'arrivent pas à
se mettre d'accord, va amener Le Maître de Ballantrae à rejoindre
les troupes catholiques qui subiront alors une lourde défaite où il
sera déclaré mort. Pendant ce temps, le cadet gère le domaine et
épouse la fiancée du premier, mais le sort va s'acharner sur lui,
car l’aîné n'est pas mort et vit en France et va exiger de fortes
sommes d'argent, puis lorsque son cadet va refuser de lui en envoyer
il réapparaîtra au domaine où il se conduira envers son frère un
véritable tyran à l'insu de tous, hormis du régisseur qui en
pâtira aussi. Dans ce récit, où le drame familial prend le dessus
sur le côté historique, le lecteur va suivre les tourments et
scrupules du plus jeune des deux frères face au machiavélisme de
l'aîné, de la fidélité de son père à l'aîné, du mépris de
sa femme, mais aussi du voisinage qui le considère comme un traître.
Le
combat entre les deux frères monte en intensité dans la majeure
partie du récit. Une intrigue puissamment construite qui porte
l'ensemble de l'histoire. Une histoire où le personnage le plus
intéressant est bien entendu le méchant dont on ne percevra pas
tout le mystère car le régisseur est au service du frère et a pris
cause pour ce dernier. En effet, de ce personnage, dénué de
scrupules, intelligent et calculateur, on ne sait pourquoi il veut à
tout prix détruire son frère et sa famille. Si le plus jeune, dans
la première partie du récit, est étouffé par l'aîné, il va,
après une attaque, sombrer dans une sorte de folie vengeresse qui va
le miner jusqu'à vouloir à tout prix en finir avec l’aîné qui
disparaît et réapparaît à plusieurs reprises faisant monté
l'intensité du récit au fil des changements de situation jusqu'à
un final des plus intéressant qui mettra une fois pour toute à cet
affrontement qui s'étale sur plus de vingt ans et qui se termine
dramatiquement sur les rives de l'Hudson.
La
plume de l’auteur est tout simplement magique, si le récit est
complexe, tout en nuances et qu'il va au fond des choses, la lecture
n'en ait pas moins aisée car le narrateur va a l'essentiel. Ce roman
d'aventures, mais aussi psychologique fait susciter au lecteur
nombre d'émotions de l'admiration au dégoût en passant par
l'effroi et la pitié.
Bien
qu'elle soit l'une des œuvres les moins connues de l'auteur elle est
la plus aboutie. Le maître de Ballantrae est une perfection
littéraire qui démontre tout l'art du conteur de Stevenson :
un classique qu'il faut impérativement lire.
1 commentaire:
Je ne connaissais pas du tout ce titre ... je note ! Ton enthousiasme m'a convaincu !
Enregistrer un commentaire