lundi 28 mai 2018

Grish-Mère de Isabelle Bauthian


Lecture dans le cadre du challenge : 


C'est à Landor qu'on trouve la plus importante école de serviteurs de Civilisation. Ceux qui en sortent, les factotums, savent repasser le linge de leur maître, réciter sa généalogie et éviscérer ceux qui le regardent de travers. Leur fidélité, garantie par des années de lavage de cerveau à la lessive patriotique, n'est plus à démontrer. C'est pourquoi, lorsque Sylve trahit son seigneur et lui dérobe une précieuse relique, c'est l'incompréhension... puis la chasse à l'homme. Sauf que Sylve n'a jamais rien volé. Et peut-on qualifier de traître celui qui a ajusté ses principes par amour ? Le guerrier naïf qui n' jamais quitté Landor est en route pour la baronnie de Grish-Mère. Il espère y laver sa réputation, mais il se retrouve à la merci de la puissante Guilde des Épiciers. Son érudition et son excellence au combat ne lui sont alors que d'un faible secours...


Sylve, un serviteur de luxe, entraîné dés son plus jeune âge à répondre aux moindres exigences du seigneur qu'il sert va se lancer sur les traces d'un ménestrel avec lequel il avait sympathisé, ce dernier ayant volé un artefact à son seigneur. Mais il va devoir évoluer dans un monde qu'il ne connaît pas et va se retrouver mêlé à un complot politique qui va dépasser ce à quoi il avait été préparé. Il ne lui reste que quelques semaines pour réparer la traîtrise dont il a été victime mais il est traqué par l’École qui l'a formé.


Le postulat de départ est assez classique. En effet le personnage central se lance sur les traces d'une statuette volée à son employeur : le côté enquête aurait pu être intéressant et donner lieu a de multiples actions comme le laisse sous-entendre la quatrième de couverture, mais...

Ici comme dans le premier tome l'intrigue s'avère peu développée, noyée dans le flot des informations sur la nouvelle baronnie que l'on découvre, sur le ressenti du personnage principal, ses autocritiques et sa découverte d'un monde dans lequel il n'était pas au vu de sa formation prêt à appréhender.

L'auteure comme à son habitude alterne le présent et le passé du protagoniste principal. Elle nous fait donc découvrir deux baronnies assez différentes l'une deux l'autre : l'on a d'une part une baronnie îlienne et matriarcale et de l'autre une société médiéviste très à cheval sur les principes.

L'univers et les thématiques abordées sont une fois de plus les points forts du récit. On peut toutefois regretter, au contraire du tome un, qu'il n'y ait pas de développer d'interactions entre les deux pays et qu'on ait peu d'informations concernant les dirigeants.

Les moments d'actions sont certes intéressants à suivre mais ils s’avèrent peu nombreux. Lorsqu'il y a enfin un combat il s’avère malheureusement insuffisamment développé et peu visuel. Il est indéniable qu'à l'instar du tome un on est noyé dans des passages très longs et que l'on s'ennuie très souvent.

Les personnages dans leur ensemble sont bien dépeints mais l'on a du mal à s'attacher à eux. Sylve le personnage central, du fait de sa confrontation de ses acquis avec la société dans laquelle il se retrouve projeté malgré lui, apporte des réflexions intéressantes et d'actualités. En effet certains points abordés peuvent être amenés à nous interroger sur notre monde.

La plume de l'auteure se révèle très visuelle. Le récit fourmille de détails, mais cette qualité est aussi le principal défaut de l'histoire car elle se fait au détriment de l'action. L'auteure n'a malheureusement, une fois de plus, su doser les deux parties.

Au final une fantasy intéressante mais des intrigues trop simples, un gros déséquilibre entre les passages descriptifs et les phases d'action ! C'est dommage car l'univers était intéressant mais dans la découverte de la baronnie présentée dans cet opus l'auteure en fait un peu trop sur le côté matriarcal et l'on sombre par moments dans la caricature.



mardi 22 mai 2018

Whitechapel de Sarah Pinborough


Lecture dans le cadre du challenge :


Londres, 1888. Lorsque des cadavres de femmes atrocement mutilées sont repêchés dans la Tamise, le médecin légiste Thomas Bond comprend qu’un second tueur sévit dans les rues de Whitechapel. Or cet assassin paraît plus inhumain que Jack l’Éventreur lui-même…
Pour lutter contre ses insomnies, le docteur Bond passe ses nuits dans les fumeries d’opium. Chaque soir, un inconnu en noir vient examiner les rêveurs perdus dans les brumes opiacées. Pourrait-il être la clé du chaos qui s’est emparé de la capitale ?


Novembre 1886, les restes d'un corps sont découverts sur les marches d'une église à Paris.

De mai à juillet 1887 les journaux relatent les découvertes de différentes parties de corps humain dans les comtés environnants Londres.

Octobre 1888, le tronc d'une femme est découvert dans les caves du nouvel immeuble en cours de construction de la police de Londres. Les inspecteurs chargés de l'enquête font de suite le rapprochement avec les crimes de Jack l’éventreur mais pour le Docteur Bond, le médecin légiste chargé de l'autopsie, les méthodes employées pour tuer sont différentes.

L'auteure alterne le récit présent avec des sauts dans le passé pour faire comprendre au lecteur comment on se trouve dans une telle situation. Cette manière de procéder permet certes au lecteur d'avoir une vision globale de la situation mais fait perdre également une partie du suspense et ralentit le rythme déjà lent de l'histoire.

Si l'ambiance Victorienne dans laquelle se déroule l'histoire est très bien rendue, les changements de narrateurs n'apporte pas grand chose à l'avancée du récit. Il eut été préférable de ne prendre pour nous conter l'histoire que la narration du personnage central, à savoir le Docteur Bond.

L'intrigues est plutôt bien maîtrisée mais les retournements de situations s'avèrent malheureusement quelque peu prévisibles ce qui rend la lecture assez linéaire.

Le côté fantastique, avec une créature qui prend possession de l'homme et l'incite malgré lui à tuer est une excellente idée, mais le lecteur aurait aimé que cette partie soit plus développée en nous décrivant les interactions de l'Upir avec le cerveau de l'hôte.

L'auteure a un réel talent d'écriture que l'on ressent par le biais des descriptions des quartiers glauques de Londres, de ce fait l'ambiance qui s'en dégage est à la fois angoissante et pesante à souhait. Elle fait bien ressortit la détresse des gens qui habitent ces quartiers pauvres et des dépravations auxquelles peuvent se conduire la gent plus aisée.

Les personnages de premier plan, à savoir le Dr Bond, un prêtre très bizarre et un polonais qui à le don de voir des scènes de l'avenir sont très intéressants à suivre. On peut toutefois reprocher qu'il ny ait pas plus d'interactions avec les policiers chargés de l'enquête qui sont eux relégués à un rôle très secondaire.

Au final un récit très prenant mais avec des passages redondants d'informations. Une évocation de Jack l’Éventreur mais pas du tout présent dans le récit : on à la nette impression que le célèbre assassin se révèle juste énoncé que pour faire succomber le lecteur à une alléchante quatrième de couverture. On ne peut s’empêcher de penser que cette manière de procéder est employée pour attirer plus de lecteurs.




samedi 12 mai 2018

Anasterry de Isabelle Bauthian


Lecture dans le cadre du challenge :



Rien ne saurait ébranler Anasterry, la plus riche, intellectuelle et libertaire baronnie de Civilisation, qui place la maîtrise de soi au rang de vertu suprême. Rien… sauf peut-être un défi de gamins.
Quand Renaldo, fils du baron de Montès, et son meilleur ami Thélban Acremont, entreprennent, pour séduire une jeune fille, de trouver la faille de cette utopie, ils ignorent qu’ils vont déterrer de sombres secrets. Et les secrets des puissants ne leur appartiennent pas.
Quels sont ces monstres découverts dans les marais ? En quoi sont-ils liés à la tolérance d’Anasterry pour ces mi-hommes que, partout ailleurs, on opprime jusqu’à les réduire en esclavage ? Après trente ans de paix, Civilisation risque-t-elle d’être si facilement bouleversée ? Pour réparer ses erreurs, Renaldo va devoir choisir entre son patriotisme, sa fidélité amicale, ses idéaux héroïques et ses simples responsabilités d’homme libre.
Une aventure de dark fantasy politique et sensible, portée par des personnages d’une grande humanité.


Pour avoir commis une faute de bienséance, Renaldo, fils cadet du baron de Montés, est envoyé en mission d'espionnage dans la très tolérante baronnie d'Anasterry. C'est accompagné de son ami Thélban, un riche marchand, qu'il se présente à la cour du baron Cal d'Anasterry sous le prétexte de renégocier un contrat entre les deux baronnies. Le baron Cal qui n'est pas dupe de la vraie raison de leur venue les autorise à fouiller là où ils le désirent mais leur interdit formellement de pénétrer dans les dangereux marais. Mais cette interdiction ne fait qu'attiser la curiosité des deux jeunes gens.

Dans ce premier opus des Rétheurs où la politique est omniprésente, il faut attendre presque la moitié du roman pour que l'intrigue se dévoile et qu'elle démarre timidement. En effet, l'auteure choisi de développer un univers très riche, très fouillé où les convenances occupent un place de premier plan.

Ici pas de rebondissements en chaîne, pas d’intrigues secondaires, l'auteure a choisi de faire ressortir les différences entre l'utopique Anasterry par rapport aux autres baronnies beaucoup plus strictes et plus rigoristes. L'histoire aborde des thématiques pertinentes qui avec l'immigration forcée des demi-hommes est très d’actualité avec ce qui se passe actuellement dans notre monde. Certes les thèmes abordés sont très pertinents mais c'est au détriment de l'action que ce fait leur traitement.

L'auteur alterne le récit présent avec la première rencontre entre les deux jeunes gens, le passé de Renaldo. Certes cette manière de procéder permet de découvrir pleinement les deux protagonistes principaux, mais ces flash-backs ont malheureusement l’inconvénient de rajouter de nombreuses longueurs à un récit déjà très lent.

Les personnages sont certes intéressants à suivre car leurs interactions verbales sont émaillées de piques, de bons mots. Cet humour apporte un peu de légèreté à un récit quelque peu ennuyant. Le personnage de Constance est le plus intéressant à suivre car elle occupe une place qui détonne dans cet société féodale très rigide. Là encore la thématique abordée peut être comparée à l'aspiration des femmes dans des nombreuses des sociétés actuelles à avoir plus de droits et de libertés.

La plume de l'auteure, malgré les nombreuses longueurs dues à un univers très élaboré, s'avère directe, bien travaillée sur le fond et pas du tout pompeuse, ce qui aurait pu être le cas avec ce type d'univers.


Au final Anesterry nous offre une fantasy intéressante mais, il faut bien le reconnaître, qui manque cruellement d'actions. Les rares rencontres avec la créature ne sont malheureusement pas assez approfondies. On aurait aimé plus de combats. Le personnage principal trop formaté par son éducation, se montre trop psycho-rigide et apparaît de ce fait à certains moments presque caricatural. Ce premier tome ouvre de nombreuse pistes pour les tomes ultérieurs. On ne peut qu'espérer une intrigue plus solide, des dénouements plus travaillée et des fins moins convenues. Quand au côté dark-fantasy annoncé dans la quatrième de couverture on le cherche encore : il ne suffit pas de mettre une créature mutante pour être dans un registre quand l'univers ne suit pas !

 

vendredi 4 mai 2018

Zone de contagion de Rick Mofina



Reporter à la World Press Alliance, Jack Gannon se rend à Rio pour couvrir l’attentat dans lequel deux journalistes brésiliens ont trouvé la mort. Mais alors qu’il progresse dans son enquête, il voit surgir, à la fois fasciné et incrédule, des liens entre cet attentat et des affaires qui n’ont a priori aucun rapport avec celui-ci. Et il comprend bientôt que ce qui s’est passé à Rio n’est que la partie visible d’une menace infiniment plus vaste, effrayante, et que des millions de vies sont en jeu. Pour faire éclater la vérité, Jack va devoir pénétrer dans les zones les plus sombres de Rio, côtoyer l’horreur et la violence jusqu’à risquer sa vie. Jusqu’à l’hallucinante vérité.



Au début de l'histoire l'on suit un couple et ,leur bébé dans une voiture. En route pour un pique-nique, ils sont victimes d'un accident de la route. La femme semi-consciente voit que son fils est retiré de la voiture par quelqu'un.Un peu plus tard quand on lui annonce qu'il est mort brûlé elle a beau nié le contraire personne ne la croit.


Puis l'on du Wyoming, l'on suit une journaliste qui suite à l'appel anonyme d'une femme se rend dans un bar de Rio de Janeiro pour la rencontrer. Mais la journaliste n'a pas le temps d'apprendre quoique ce soit su' l'affaire importante que la femme avait à lui confier, qu'elles meurent dans un attentat.


Quel est le rapport entre ces deux affaires, c'est ce que va devoir découvrir Jack Gannon, un journaliste de la World Press Alliance de New-York envoyé en renfort à Rio. Malgré que ses collègues et la police brésilienne penchent pour un attentat des narcotrafiquants, le reporter va suivre d'autres pistes.


Au début du roman on a un peu de difficulté à entrer dans le récit car l'auteur nous laisse voir des bribes d'histoires sans que l'on puisse entrevoir la moindre connexion entre elles. L'enquête au fur et à mesure qu'elle se développe nous conduit un peu partout dans le monde de l'Amérique à l'Afrique en passant par l’Angleterre. Les changements de décors sont nombreux. Et bientôt les services secrets américains entrent en scène compliquant quelque peu les investigations du journaliste mais donnant plus d'épaisseur à l'affaire.
L'idée principale du récit bien qu'elle n'apparaisse assez loin dans le récit. Le côté scientifique est parfaitement maîtrisé et s'avère très crédible dans sa formulation.
Le rythme du récit est haletant, avec des chapitres courts et des scènes qui s'enchaînent au fur et à mesure que l'enquête nous dévoile de nouveaux indices et que s'introduisent de nouveaux personnages. C'est donc sur un rythme très soutenu que l'auteur nous transporte jusqu'à un dénouement qui n'apparaît que dans les toutes dernières lignes du roman.


Les deux personnages principaux sont attachants, avec d'un côté une mère de familles très tenace qui veut à tout prix retrouver son enfant, et d'un autre côté un journaliste d'investigation qui ne ménage pas ses efforts malgré que son intégrité physique puisse être menacée.


Un thriller bien mené, même si à certains moments du récit on n'échappe pas à certaines longueurs mais nécessaires à l'épaisseur du roman. L'écriture de l'auteur s'avère tout de même fluide et si l'on a droit à quelques scènes de violences elles permettent de donner plus d'intensité au suspense.