Lecture dans le cade du challenge :
Kadji souleva sans
hésiter la tapisserie maculée de sang et examina le visage qu'elle
celait.
La mort l'avait rendu
froid et blanc comme un marbre.
La mort lui avait volé
sa perfection et sa beauté. La bouche était crispée en une hideuse
grimace de terreur et les yeux vitreux semblaient contempler à
jamais les traits de l’assassin inconnu. L'assassin – ou Les
assassins ? Car le corps portait d'effrayantes blessures, des
plaies ouvertes à la poitrine, à l'épaule, au ventre, à la gorge
et au flanc.
Il baignait dans une
mare de sang séché, visqueux et noir...
Le récit s'ouvre sur
une poursuite, celle d'un clan de guerriers nomades qui après avoir
essuyé une lourde défaite sont traqués par les mercenaires à la
solde de l'Empereur Dragon. Pour soigner les nombreux blessés la
troupe doit se réfugier derrière les Montagnes Noires. Mais avant
de s'engager dans le passage secret, le chef de guerre du clan
missionne son petit fils Kadji. Celui-ci rebrousse chemin pour aller
tuer l’usurpateur qui s'est installé sur le trône impérial. Un
long périple semé d'embûches attende le jeune guerrier porteur de
la Hache Bénie du clan.
Plus connue pour son
Cycle de Thongor, réédité, l'auteure nous livre une héroïc-fantasy
sans surprises mais de bonne qualité. On retrouve dans cette œuvre
l'empreinte de Conan dont elle a conjointement avec Lyon Sprague de
Camp poursuivie la série.
Pour apprécier ce type
de fantasy, il faut tenir compte de sa date de parution : 1976.
Une époque où la fantasy, n'avait pas la notoriété actuelle, et
où elle nous était livrée brute de décoffrage, sans fioritures et
sans états d'âmes.
La Geste de Kadji est
donc de cette mouture, un univers pas aussi détaillé que pourrait
l'espérer les lecteurs d'aujourd'hui, de nombreux événements mais
sans rien de bien original, des personnages taillés à coups de
serpe.
Un univers simplement
esquissé, sans de longues descriptions malgré un long voyage du
Héros. Un voyage qui nous conduit sur les traces improbables de
Gengis Khan de la Sibérie à la Chine. Bien qu'il n'y ait pas de
réelles références historiques de nombreux points nous laisse à
penser que l'auteure s''est largement inspirée du déclin de
L'Empire Mongol, l'on peut citer par exemple la Horde qui a connu la
gloire et qui attend son sauveur pour retrouver l'éclat d'antan, un
magicien aux yeux bridés,...
Les événements sont
nombreux, se succèdent sur un rythme effréné, les combats sont
plutôt bien dépeints même si c'est toujours à l'avantage du héros
dont le récit est essentiellement centré sur sa personne, les
personnages qui l'entourent étant essentiellement là pour le mettre
en valeur. Si le postulat de départ renverser le tyran est tout ce
qu'il y a de plus basique et que le dénouement n'offre aucune
surprise, on passe un bon moment de détente, et c'est cela
l'essentiel.
L'écriture est
agréable, le style incisif et direct est parfaitement adapté à
cette héroïc-fantasy de deuxième génération. L'auteure va à
l’essentiel ne s'encombrant pas de détails superflus, elle nous
fournit ce qui est toutefois nécessaire pour être pleinement en
osmose avec l'histoire.
La connexion entre les
nombreux événements et la la plume de l'auteure offre une
excellente dynamique de lecture, les pages se tournent d'elles même.
Une fantasy de très
bonne qualité si l'on tient compte de l'époque à la quelle elle a
été publiée, dans la lignée d'Howard, de Leiber, de Rice
Burroughs. C'est donc sur un brin de nostalgie que se clôture cette
chronique.
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