Un
couple est retrouvé mort dans une maison du Tigre, perdue au milieu
des mille et un canaux du delta du Paraná, dans ce petit coin de
paradis si prisé des habitants de Buenos Aires. Suicide, dit
l'enquête, sur la foi d'un mot d'adieu écrit sur une vieille
machine à écrire Underwood. Ce n'est pas l'avis des gens du
coin.
Julia,
professeure à l'université de la capitale, habitante du delta à
ses heures, se lance dans l'enquête avec l'aide de ses amis, dont
Leo Resnik, juge intègre à vocation de redresseur de torts. Les
indices sont troublants, et ils ne tardent pas à découvrir qu'un
crime peut en cacher un autre. Un crime plus vaste, plus profond, qui
regarde l'Argentine tout entière : les enfants volés de la
dictature.
Il
n'y a pas grand monde à sauver dans ce polar aussi boueux que les
profondeurs du Tigre. Les crimes du passé, pourtant soigneusement
dissimulés, remontent à la surface, et les séides de la dictature,
s'ils n'ont plus le vent en poupe, n'ont jamais renoncé à leurs
sombres convictions.
Entre
un jeune homme à qui on a volé son identité, un scénariste de
films pornos qui s'improvise maître chanteur, un militaire qui
n'aime pas la retraite et les insolents, un entrepreneur en bâtiments
qui se noie dans son propre mensonge, Alicia Plante tisse une
intrigue tendue et glaçante, avec un sens aigu du rythme et des
personnages. Où le passé finit toujours par rattraper ceux qui
tentent de le fuir : certains crimes tolèrent mal l'amnistie.
Le fils de Garcia Mejuto ne ressemble pas à ses parents d'origine espagnole. Sa mère lui ayant confié qu'elle avait vu vingt sept ans plus tôt le père rentrer clandestinement avec un bébé dans les bras, Raul qui manque d'argent fait chanter Mejuto.
Lorsque Raul et sa compagne sont retrouvés morts dans une vieille maison qu'il venait d'acheter dans le delta du Tigre, Julia, une voisine, qui ne croit pas aux conclusions de la police décide de mener l'enquête.
Elle et ses amis découvrent que Raul enquêtait sur les enlèvements d'enfants par les militaires lorsque la junte était au pouvoir.
La mise en place se veut assez longue, un sentiment renforcé par l'absence de dialogues. En plus on a de descriptions qui sont interminables mais malgré cela l'enquête est plutôt bien maîtrisée et s'avère intéressante.
L'intrigue passe presque au second plan l'auteur ayant privilégié l'ambiance et la psychologie des personnages qui s'avère très fouillée.
Un bon roman plus proche du roman noir que du policier classique malgré la présence d'un juge parmi le trio d'enquêteurs.
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