vendredi 14 février 2014

A LA POINTE DE L'EPEE - HELEN KUSHNER



RÉSUMÉ

Richard Saint-Vière est le plus fameux des tueurs des Bords-d'Eau, le quartier des pickpockets et des prostituées. Aussi brillant qu'impitoyable, violent à ses heures, ce dandy scandaleux gagne sa vie comme mercenaire en vendant ses talents de bretteur au plus offrant, sans trop se soucier de morale. Mais tout va se compliquer lorsque, pour de mystérieuses raisons, certains nobles de la Cité décident de se disputer ses services exclusifs.

Saint-Vière va dès lors se retrouver au cœur d'un inextricable dédale d'intrigues politiques et romanesques qui pourraient bien finir par lui coûter la vie... 


L'AUTEUR

Romancière new-yorkaise, Ellen Kushner est née à Cleveland, dans l'Ohio. Passionnée par l'histoire médiévale et les traditions, elle a dirigé une collection de fantasy avant de se lancer dans l'écriture. Auteur du splendide Thomas le Rimeur (Word fantasy & Mythopoeic Awards 1991), elle est la cofondatrice de l'Interstitial Art Foundation et anime également Sound & Spirit, une émission de radio sur les musiques, traditions et folklores du monde.



À la pointe de l’épée commence par une tache de sang sur un champ de neige fraîchement tombée, une image qui s’est gravée à jamais dans mon esprit depuis que je l’ai croisée. [...] C’est un début de roman formidable, inoubliable... et le reste est meilleur encore ».
George R.R. Martin


A la pointe de l'épée, bien que paru en France après Thomas le Rimeur, est le premier roman de l'auteur. Ici pas de monstres, pas de magie, pas de monde à sauver, pas de panthéon, de folklore... De la Fantasy ? Pas vraiment ou pas seulement ! Du roman ce Cape et d'épée, alors ? Pas vraiment ou pas seulement !

L'auteur retient quand à elle, une fantasy de mœurs calquée sur la so british comédie de mœurs.

À la pointe de l’épée marque le début de la carrière d’Ellen Kushner, une carrière qu’elle poursuit brillamment en 1991 avec Thomas le Rimeur, un étrange et court roman protéiforme inspiré d’une célèbre ballade écossaise.

Plus abordable, l’univers de À la pointe de l’épée est le référent de l’œuvre de l'auteur, une note d’intention vers laquelle elle ne cesse de revenir au travers de nouvelles ou de romans. A la pointe de l'épée, tire ses influences des romans de capes et d'épées mais aussi des mœurs de la société.

L'histoire se déroule dans un monde inconnu, pas si différent du notre, qui oscille de l'époque de Louis XIII à Louis XIV. Une époque fictive qui se situerait entre notre Renaissance et l’Époque Victorienne, avec une société très médiévale dans son monde de vie, mais moderne dans son fonctionnement politique. Une société qui règle ses différents politiques, de cœurs, d'argent,... dans le sang par des duels. Des combats qui sont l'apanage des bretteurs qui officient, comme des avocats, pour représenter leurs clients à la pointe de l'épée.

Nous suivons dans ce roman les péripéties de Richard Saint-Vière qui loue ses services de talentueux bretteur. Issu des Bords-d'Eau, son métier est de se battre à l'instigation des nobles de la Colline.
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Le récit navigue donc entre les aléas de la vie de Richard et de son amant, Alec un ancien universitaire en exil forcé ; et sur des épisodes particuliers de l’existence de mortels qui croiseront celle de Saint Vière (on notera particulièrement l’apprentissage de la science du bretteur par un jeune noble, Michael Godwin) ; tout cela en décrivant peu ou prou les mœurs, règles et coutumes qui régissent les Bords-d’Eau et la Colline.

L'histoire met un peu de temps à se mettre en place et s'effectue de manière progressive : c'est un calcul de l'auteur afin de donner à certaines scènes plus d'impacts. L'intrigue est efficace, le suspense au rendez-vous et l'auteur maintient avec brio à le lecteur en haleine et, des fois à totalement le surprendre. Cette manière de procéder, nous offre une intrigue plus immersive et rendent les révélations tout simplement bluffantes.
Ce roman regorge de personnages secondaires bien dépeints tant au niveau caractère que physique, les interactions avec le héros et l'environnement sont très efficaces. Les personnages sont volontairement très caricaturaux : les nobles, caractérisés par cette morgue nonchalante, sont retors, lascifs et langoureux, richement habillés, toujours à comploter et intriguer. Ils habitent là-haut sur la colline. Les autres, la plèbe, les bretteurs, les voleurs et prostituées habitent en bas, aux Bords d'Eau. Les uns ont besoin des autres, un certain équilibre règne entre ces deux classes.
Le style est léger, fluide, très agréable mais un peu fuyant dans le premiers chapitres, ce qui donne un certain flou dans le début de l'histoire. L'auteur porte un soin tout particulier à ses personnages et privilégie les petites histoires de chacun d'eux, faisant fi de tout enjeu dramatique fort elle choisi de traduire les liens intra et extra communautaire des Bords-d’Eau et de la Colline. Des relation parfois surprenantes, telle l'homosexualité.
Le rythme est vraiment très bon, bien mesuré et en accord avec une dynamique bien menée tout au long du récit. On retrouve une touche d'humour, parfois cynique même, qui passent soit par le comique de situation soit à travers les dialogues, utilisés avec beaucoup de réflexion, qui participent beaucoup à l'ambiance général du roman.


Nanti d’une écriture soignée, à la musicalité malicieuse, à l’érotisme latent et à la préciosité amusée , À la pointe de l’épée risque de déboussoler les lecteurs habitués à une narration classique et par trop calculée.
 À la pointe de l’épée est un roman atypique des plus séduisants, où honneur, pouvoir et argent, animent les protagonistes de cette fantasy intimiste. Une œuvre particulièrement emblématique du renouveau de la fantasy post-moderne. À la pointe de l’épée est une œuvre qui peut être considérée comme la fantasy dit maniériste.






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