mardi 26 novembre 2019

Comme des rats morts de Benedek Totth


Ils fréquentent le même lycée et ont les mêmes passe-temps : la natation, les jeux vidéo, le sexe, l'alcool, la drogue... Quand ils ne sont pas à la piscine en train de s'entraîner, ils se murgent chez l'un ou l'autre, fument joint sur joint, enchaînent les parties de GTA, matent des pornos et se tapent leurs copines. Et puis il y a les virées. Ce soir-là, ils avaient coché toutes les mauvaises cases : une voiture "empruntée", l'aiguille dans le rouge au compteur, les pupilles explosées. Ils tuent un cycliste en rase campagne. Ça flippe pas mal pendant quelques jours, et puis les choses reprennent leur cours. Un peu bêtement, mais c'est l'âge, ils se figurent que la nouveauté est le meilleur remède contre l'ennui. Alors quand ils en ont marre de l'herbe, ils pilent des cachets de toutes les couleurs pour voir ce que ça fait ; quand le porno classique ne suffit plus, il se tournent vers le bizarre ; et quand ils ont épuisé leur stock de vannes sur le souffre-douleur de la bande, ils passent aux coups. De là à faire le projet de le tuer, il n'y aura plus qu'un pas. Portrait désespérant de justesse d'une certaine adolescence contemporaine, Comme des rats morts est un roman noir sombre et brillantissime. Une sorte de Trainspotting à la piscine. Un choc.


Dans ce roman noir l'on suit quatre adolescents qui fréquentent le même lycée et qui s’apprécient plus ou moins vu l'échange des propos orduriers qui émaillent le récit tout du long. Les quatre adolescents fréquentent assidûment la piscine où trois d'entre eux s'entraînent pour les courses et le quatrième pour le water-polo.


Prés de la moitié du récit se déroule en ce lieu où la plupart du temps ils se chamaillent et pissent dans la piscine. Les scènes s'avèrent répétitives et offrent peu d’intérêt.

En dehors des entraînements et quand ils sèchent le lycée, ils squattent chez Greg dont les parents sont fortunés et malgré que ce dernier saoule tout le monde c'est chez lui qu'ils assouvissent leurs passions : les jeux vidéos, le porno sur internet ou l'immense collection de DVD du genre, ou l’absorption de drogues qu'ils arrivent à se reprouver et parfois se faire tailler des pipes par des adolescentes en général légèrement plus jeunes.

Les personnages sont vulgaires, violents et à l'emploi de termes abjects, il faut aussi ajouter les longueurs de l'auteur la plupart du temps sans intérêts et une plume tantôt approximative qui peut peut être venir de la traduction.

Il manque au récit un synopsis conducteur, le cycliste renversé au chapitre 1 et laissé agonisant au bord de la route est vite oublié, ainsi qu'une esquisse de règlement de compte sur fond de drogue, le récit ne repose que sur l'apathie des quatre jeunes. Une génération qui ne croit en rien, qui s'ennuie délaissés par leurs parents et qui n'ont aucune vision sur l'avenir.

Le livre n'est pas foncièrement mal écrit, mais l'histoire s'avère fade et sans surprise hormis le final qui lui est intéressant. Les personnages sont caricaturaux, superficiels ; et les filles sont de simples objets sexuels. 



jeudi 21 novembre 2019

De meute à mort de Jean-Philippe Jaworski


«Voici neuf ans que le haut roi Ambigat m’a admis à sa cour. Voici neuf ans que j’ai trouvé ma place parmi les héros bituriges. Toutefois, quoiqu’il demeure redoutable, le souverain vieillit. Sa force vitale s’épuise et les royaumes de la Celtique déclinent. Nos troupeaux sont malades. Nos blés pourrissent sur pied. Les jeunes fils du souverain meurent... La disette et le mécontentement grondent au sein des tribus. Si les dieux se sont détournés du haut roi, que feront les chefs des nations clientes ? Certains ne rêvent-ils pas de renverser Ambigat, de s’emparer du pouvoir, de restaurer la prospérité ? Et moi, Bellovèse ! Moi qu’Ambigat a jadis privé de son père et de son royaume ! Moi qu’Ambigat a naguère voué à la mort ! Quel parti épouserai-je ? Deviendrai-je un chasseur de roi ? Ou serai-je le jeune roi traqué par la meute ?»



Dans ce deuxième tome on retrouve Bellovèse quelques années après le déroulement du tome 1. Il est à la cour du Haut-Roi son oncle. Il 's'est marié et à des enfants. Dans cette première partie du tome 2, divisé en deux volumes, il accompagne son oncle dans une tribu vassale pour célébrer, comme le veut la coutume, le passage du printemps à l'été.

Le récit débute par une chasse au cerf qui se déroule durant le voyage et qui dure pendant 46 pages. L'auteur n'en a pas fini avec les longueurs puisqu'en suite pendant plus de cent pages il nous décrit le village, les derniers préparatifs effectués, les différentes tribus et le début de la fête.

Certes au point de vue du développement de son univers, c'est très intéressant de découvrir les rites païens et d'approfondir les us et coutume de ces peuplades, mais les longueurs succèdent aux longueurs. La magie et les dieux sont moins présents que dans le premier tome, ici c'est l'aspect politique qui est développé avec tout son lot d'intrigues, de trahisons et de violences. L'auteur s'est bien documenté et le développement de l'univers s'avère le point fort du roman. Mais dans cette première partie la dynamique de l'histoire est lente et le lecteur peine à progresser dans le récit.

Il faut attendre la dernière partie de l'histoire pour que la lecture se dynamisme avec des combats qui vont se succéder avec le soulèvement des tribus contre le Haut-Roi. Si les duels menés par Bellovèse se révèlent bien maîtrisés et visuels, il n'en est pas de même pour les combats de masse qui sont pour la plupart expédiés en deux ou trois phrases.

Tout comme dans le tome précédent les personnages sont travaillés, mais encore une fois le lecteur ne parvient pas à entrer en osmose avec eux.

L'écriture est toujours aussi soignée et riche et même si c'est à moindre degré le style reste pesant dans la première partie et ce n'est que dans la dernière partie qu'il devient plus fluide et que la dynamique de lecture devient plus vive.

Si l'univers et les personnages se développent, on notera toutefois que les imperfections du premier tome n'ont pas totalement disparues, il reste à travailler pour que les longueurs soient espacées et qu'il y ait des relances pour le suspense. De plus la coupure mercantile ne favorise pas la conclusion et alors que le développement de l'intrigue était lancée le lecteur est brutalement freiné dans sa progression.




samedi 16 novembre 2019

La griffe du diable de Lara Dearman



" Je n'ai pas peur du noir... juste de ce qui s'y cache. "
Poursuivie par ses démons, Jennifer Dorey a quitté Londres pour retourner dans sa maison d'enfance avec sa mère, à Guernesey, où elle est devenue reporter au journal local. Elle pensait pouvoir souffler un peu. Elle avait tort.
Quand le cadavre d'une jeune femme s'échoue sur une plage, la journaliste mène sa propre enquête et exhume plusieurs morts similaires qui s'étendent sur une cinquantaine d'années. Plus troublant encore, toutes les victimes avaient sur le bras des marques semblables à un symbole gravé sur un rocher de l'île : les " griffes du diable ", dont la légende veut qu'elles aient été laissées par Satan lui-même...


Alors qu'elle enquêtait , à Londres, sur des immigrées venues de l'Est, une reporter est menacée de mort. Elle regagne alors son île natale de Guernesey pour travailler au journal local. Un train-train quotidien qui la rassure, mais lors d'une fête locale, elle découvre sur une plage le corps d'une toute jeune femme. Les indices font penser à un suicide. Mais la reporter décide d'enquêter plus avant sur cette affaire. Elle ne tarde pas à faire le rapprochement sur d'autres morts arrivés dans les mêmes circonstances et découvre qu'un tueur en série opère depuis cinq décennies sur l'île.

L'intrigue est intéressante, la corrélation entre les différents meurtres se fait progressivement. Mais la mise en place de l'intrigue tarde à se mettre en place. En effet l'auteure a choisi de faire de l’île son sujet principal, on est immergé dans les descriptions des paysages, des sombres éléments que recèle le passé avec des croyances plutôt folkloriques et des légendes ayant rapport avec le diable. Des éléments certes pas inintéressants mais qui finissent par reléguer au second plan l'intrigue.

Les chapitres alternent entre trois personnages, d'une part les protagonistes principaux à savoir la reporter et l'inspecteur-chef qui même l'enquête de son côté suite aux révélations de la reporter. Et d'autre part un narrateur anonyme qui nous entraîne dans le passé, et l'on comprend vite que cette troisième voix est celle du tueur en série. Mais comme il est de plus en plus coutume dans les romans policier et les thrillers on n'échappe pas à des personnages marqués par le passé, et de ce fait le lecteur ne peut parvenir à s'attacher à ces protagonistes.

Avec pour décor une île ce roman se déroule dans une sorte de huis-clos est l'ambiance s'avère très sombre.

Les descriptions de l’Île sont certes cinématographiques mais elles prennent trop de place et l'écriture de l'auteure s'en ressent.

La griffe du diable est un roman dépaysant pour qui voudrait découvrir l'île de Guernesey et ses magnifiques paysages mais le récit manque de l'essentiel, le dynamisme.



dimanche 3 novembre 2019

Il y aura du sang sur la neige de Sébastien Lepetit




LA TRANSJURASSIENNE. Célèbre rendez-vous du ski de fond français.
Tous les ans, plus de 3 500 skieurs se retrouvent sur les pistes du Haut-Jura pour braver le froid glacial, le vent et la fatigue, autour du même objectif : donner le meilleur de soi et franchir la ligne d'arrivée ! Le commissaire Morteau connaît bien cette compétition dont il suit chaque édition.
Mais cette fois, l'événement lui réserve des surprises. Depuis quelque temps, l'organisation de la course reçoit des menaces de mort très sérieuses. Morteau, accompagné de son jeune collègue, Fabien Monceau, est appelé à se rendre sur place pour évaluer les risques. Mais lorsqu'un homme est retrouvé assassiné de plusieurs balles dans la tête en pleine montagne, la situation devient plus complexe que prévu.
Jalousie personnelle, rivalité sportive ou jeu pervers ? Cette année, la neige pourrait bien prendre la couleur du sang...




Le commissaire Morteau de la PJ de Grenoble reçoit un appel téléphonique de Michel Pupillin, Président du Comité d'organisation de la Transjurassienne, la célèbre course de ski de fond. Ce dernier, qu'il n'a pas revu depuis plus de trente ans, alors qu'il était encore adolescent, voudrait qu'il vienne enquêter sur des menaces anonymes. Une voix déguisée lui a téléphoné plusieurs fois et lui a annoncé que lors de la course «Il y aura du sang sur la neige». D'abord réticent le commissaire finit par accepter.
A peine a-t-il, avec son adjoint, commencer à obtenir des informations sur les inimitiés entre les participants que le favori de la course est abattu des trois balles dans la tête alors qu'il s'entraînait.

Le déroulement de l'enquête s'avère, classique, avec son lot d'interrogatoires, mais elle est bien menée avec des rebondissements qui s'enchaînent.

L'auteur entoure l'enquête de très nombreuses informations sur la course, la région et sa gastronomie. Entre les chapitres consacrés à l'enquête il insère également de courts chapitres qui font vivre la course du début à la fin, en présentant notamment les passages les plus ardus et le ressenti des participants.

L a description des paysages enneigés alimentent également le récit faisant ressortir la rigueur hivernale.

Des passages certes pas intéressants mais qui coupent un peu trop souvent le développement de l'intrigue, et qui ont pour effet se succédant de ralentir la lecture et de lasser un peu le lecteur vu qu'ils s'avèrent un peu trop nombreux.

Du côté des personnages principaux, à savoir, le commissaire et son lieutenant on n'échappe malheureusement aux clichés. On a d'un côté un vieux flic alcoolique depuis son divorce et qui parle avec un ours en peluche dont il imite une certaine voix, de l'autre côté un parisien débarqué en province et qui a beaucoup de mal à s'adapter à la région et qui ne supporte pas le climat hivernal trop rude du Jura. On a deux personnes totalement opposées par leur caractère et leurs méthodes d'investigations.

En plus du commissaire Morteau, l'auteur a retenu pour ses personnages secondaires des patronymes en rapport avec la région, une pointe d'humour de plus. Une pointe d'humour émaille tout le long du récit notamment dans les interactions verbales mais elle peine à convaincre le lecteur qui le trouve un peu lourd.

Le style de l'auteur se révèle agréable à suivre et la lecture plutôt bonne malgré les apartés qui prennent un peu trop de place. L'écriture est directe dans le développement de l'enquête.

Au final, le livre s'avère est tout de même un bon polar et il devrait plaire aux lecteurs qui aiment aussi découvrir nos belles régions de France. Efficace malgré toutes les descriptions.