dimanche 29 septembre 2019

Soleil noir de Armèle Malavallon



Montpellier, mois de juillet, sous un soleil de plomb. Le corps d'une paisible retraitée, ou plutôt ce qu'il en reste, est découvert un dimanche matin dans son salon. Un petit tas de cendres et deux jambes intactes semblant miraculeusement rescapées d'un brasier infernal. L'hypothèse d'un phénomène de combustion humaine spontanée est aussitôt évoquée, plongeant les policiers chargés de l'enquête, dans une profonde perplexité.



Alors qu'il faisait son footing dominical, le commandant Peyot est appelé sur une scène de crime. Lorsqu'il arrive au domicile de la vielle dame, il constate que le corps est carbonisé, seules les jambes sont intactes. Chose étrange rien d'autre dans la maison n'a été ravagé par les flammes. Si son adjoint le capitaine Domingo est prêt à admettre le cas d'une auto-combustion, le commandant n'y croit, selon lui il doit y avoir une explication scientifique. Quand deux autres corps sont découverts dans les mêmes conditions, il n'est pas possible d'envisager l'irrationnel, les meurtres ne peuvent être que ceux d'un criminel qui doit avoir un mobile. L'enquête va consister à trouver le point commun entre ces meurtres les victimes ayant de prime abord pas de point commun entre elles.

L'enquête qui mène rationnel et irrationnel est bien maîtrisée, on suit pas à pas le travail des enquêteurs. Le suspense est bien présent avec des rebondissements qui tiennent le lecteur en éveil malgré que faute d'éléments l'enquête piétine sans dans les premiers temps de véritable direction à suivre. En effet, au départ l'auteure laisse la possibilité que la découverte du premier corps puisse n'avoir aucune justification rationnelle. Le final en queue de poisson est un peu décevant. La pointe d'humour présente apporte un peu de légèreté au récit malgré des morts horribles.

Les personnages sont bien brossés, l'auteure fait apparaître chez eux une certaine sensibilité même si leur parcours sentimental fait comme à l'accoutumé un peu cliché mais elle n'insiste pas trop lourdement sur ce point.

La plume de l'auteure est légère et rend la lecture aisée avec des chapitres courts et directs, sans aucune fioriture.

Si au final ce policier s'avère assez classique, l'auteure nous offre une intrigue originale qui entraîne le lecteur dans une enquête pleine de rebondissements avec des personnages attachants malgré quelques traits qui font un peu clichés. Le roman est bien construit, l'irrationnel est bien dosé.



vendredi 27 septembre 2019

Kop de Dominique Manotti



L'inspecteur Roméro avait rendez-vous avec une certaine Nadine Speck, droguée et dealeuse. Ils sont abattus en pleine rue à Levallois par des tueurs à moto. Apparemment, c'est la jeune fille qui était visée. Y a-t-il un lien avec son frère, le régisseur du stade de football de Lisle-sur-Seine ? Après une étonnante ascension, le club est sur le point de devenir champion de France. Les enjeux sont énormes, surtout pour Jean-Pierre Reynaud, son président, qui est aussi maire de la ville et entrepreneur de travaux publics. Qui a commandité le meurtre de Levallois ? Que faisait Roméro avec cette femme à l'existence trouble, en dehors de toute mission officielle ? Au cours de son enquête, le commissaire Daquin va pousser des portes qui cachent turpitudes, corruption et cadavres.



Un homme et une femme sont abattus par deux hommes à moto devant un centre commercial. Le gérant de la brasserie appelle immédiatement le commissariat de Levallois. Les policiers constate à leur arrivée que l'homme est un de leurs collègues.

Deux îlotiers en patrouille voient deux hommes en moto regagner leur immeuble à Argenteuil munis d'une mitraillette. Quatre heures plus tard les deux jeunes hommes sont mis hors d'état de nuire par le Raid sans échange de coups de feu. Le commissaire Daquin des Stups, supérieur de l'inspecteur abattu parvient malgré les faits à garder la direction de l'enquête assisté d'inspecteurs de le Crim'. Une enquête qui va consister à découvrir le commanditaire.

L'enquête entraîne le lecteur dans l'univers footballistique, la corruption, le dopage mais aussi le blanchiment d'argent sale, le travail au noir. Si évoluer dans ce milieu n'est pas inintéressant, l'auteure nous en donne une vision par trop caricaturale.

L'enquête avec la fusillade démarre sur un rythme élévé. Un rythme que l'auteure va garder tout au long du récit grâce à des phrases courtes et épurées, pas de longues descriptions qui ne servent à rien, elle va droit au but. On a un peu l'impression à la lecture d'être dans un journal de bord qui décrit tous les faits et geste des policiers et qui donne au récit une excellente dynamique de lecture.

Les personnages du commissaire et de l'équipier de l'homme abattu sont intéressants à suivre mais les autres policiers sont peu mis en valeur. Les autres personnages du monde du football sont plus travaillés, peut être un peu trop car l'auteure insiste trop sur la corruption et le coté noir des choses, elle pousse trop leurs actes et leurs défauts. Des personnages qui dans leur ensemble font trop clichés : des îlotiers qui sont accoudés au comptoir pendant leur ronde, un commissaire tout propre sur lui mais homosexuel ,...

En dehors des clichés l'histoire parvient du fait du rythme à happer le lecteur même si l'histoire écrite il y a un peu plus de vingt ans explique un peu cette vision caricaturale.




lundi 23 septembre 2019

Je serais toujours là de Philippe Savin



Récemment affecté dans les Cévennes, le commandant Nathan Prieur espère un nouveau départ avec sa femme et ses deux filles. Mais de nouveau, il se retrouve confronté à l’horreur lors du meurtre abominable d’une adolescente.
Nathan Prieur, impliqué personnellement dans cette affaire, se lance sur les traces de l’assassin.
Un compte à rebours impitoyable commence, car il en est certain : le monstre ne s’arrêtera pas là.
Des destins se croisent. Des vies s’effacent. Des meurtres sont perpétrés avec une incroyable cruauté. Des mensonges oubliés surgissent du passé. Des fantômes hantent les bâtiments en perdition. Le mal rôde sur les Cévennes. La folie s’est emparée des hommes...

Jusqu’où Nathan Prieur devra-t-il aller pour connaître la vérité ?



Le corps d'un homme torturé et à demi-calciné est retrouvé à l'intérieur d'un 4X4, l'enquête est confiée à l'équipe du commandant Prieur qui a quitté le 36 pour fuir son passé. Deux jours plus tard le corps d'une jeune fille est retrouvé dans un grotte dans les mêmes conditions, c'est le début du cauchemar pour le commandant Prieur car il s'agit de la meilleure amie de sa fille Lucie et celle-ci a disparue.
Commence alors une enquête éprouvante où il n'hésitera pas à franchir les limites de la légalité.

L'intrigue est assez intéressante mais son développement laisse quelque peu à désirer, ça manque de travail : les pistes partent dans tous les sens, elles sont multiplex et en dehors du dénouement elles se terminent à chaque fois dans une impasse.

Le suspense est tout de même bien maîtrisé et les rebondissements donnent une bonne dynamique de lecture, si l'on excepte certains passages. Vers la fin du roman le rythme s’accélère pour le plus grand plaisir du lecteur.

Avec ce roman l'auteur nous entraîne dans des milieux glauques et inquiétants où se mêle violence et débauche. Les scènes sont très bien décrites et le lecteur n'a aucun mal à se les visualiser. Par contre, dans certains passages, l'auteur met souvent Dieu en avant et s'interroge sur sa responsabilité sur sa responsabilité sur le malheur qui s'abat sur les êtres, et cette manière de procéder génère des passages lourds, qui de plus n'apporte rien à l'intrigue.

Si la psychologie est personnages est bien fouillée, peut être un peu trop, car il est regrettable que plusieurs des protagonistes ont à combattre les démons de leur passé, et qu'il le rappelle à maintes reprises ce qui là aussi alourdit le roman. Les personnages secondaires sont eux bien dosés et se révèlent intrigants à souhait.

Dans les phases d'action l'écriture est fluide, bien adaptée mais se révèle à certains moments un peu lourde : des paragraphes se succèdent avec souvent peu d’intérêt pour l'intrigue.

Un premier roman pas inintéressant mais plutôt moyen.



vendredi 20 septembre 2019

Mort sur le Tage de Pedro Garcia Rosado



Dans ce roman noir où la ville de Lisbonne est un personnage à part entière, Pedro Garcia Rosado dresse un portrait au vitriol de la société lisboète où défilent la jet-set des beaux-quartiers et des environs chics avec son ancien capitaine d'industrie et ses deux rejetons tout puissants, des fonctionnaires municipaux corrompus et des policiers véreux (ou pas), des immigrés russes et des prostituées et, surgi des sous-sols inexplorés de la ville aux remugles fétides, un bien étrange être humain...



Une embarcation quitte le yacht où s'est tourné un film X et une partie fine. Une scène éclate entre la prostituée et l'un des deux frères la frappe, plus elle se défend plus il devient violent. Pour échapper aux deux hommes, la jeune femme se jette à l'eau et regagne les docks mais l'homme la poursuit et la tue. Le lendemain un pêcheur voit au sol des traces de sang et appelle la police. Après des recherches dans le fleuve, la police, n'ayant pas trouvé le corps, se désintéresse de l'affaire. Mais le demi-frère de la victime, ancien membre du KGB même l'enquête.

Le sujet principal de l'intrigue consiste surtout à savoir si les coupables vont être punis ou s'ils vont échapper une fois de plus à la justice.

Dans ce roman l'on suit d'une part les deux frères qui sentent que l'étau se resserre et qui part tous les moyens vont tenter d'y échapper. D'autre part l'on suit le demi-frère de la jeune femme qui lui a eu par le passé affaire avec la justice et qui cherche lui aussi par tous les moyens la vérité,... et à un degré moindre la police.

La galerie de portraits sont remarquables par leur noirceur. Leur analyse psychologique est intéressante car traitée en profondeur mais qui ne gêne en rien le suspense même si dans la première partie on peut regretter quelques longueurs et un développement assez lent. Pour pimenter l'histoire l'auteur introduit une autre personnage, le Diable, un être mystérieux qui vit dans les souterrains de Lisbonne ce qui ajoute au récit une petite touche de fantastique au récit.

L'auteur avec Mort sur le Tage propose un roman noir à l'intrigue de qualité, une tension qui se maintient tout au long du récit malgré les longueurs, des protagonistes bien campés... il y tout ce qu'il faut pour faire un roman agréable à lire même s'il sort du lot habituel du genre policier.



mardi 17 septembre 2019

Le sourire du chien de Dimana Trankova




Au moment où un journaliste américain et sa jeune épouse Bulgare arrivent en Bulgarie, des meurtres d'historiens sont perpétrés dans d'anciens sanctuaires thraces. John trompe l'ennui en engageant Maya, une archéologue-journaliste, pour le guider autour des scènes de meurtre. Aimantés par une attraction croissante, les deux journalistes plongent dans une enquête haletante où des rituels de sang datant de l'époque thrace, des chasseurs de trésors, une secte secrète et les théories de Mircea Eliade se mêlent. Dans une société post-totalitaire où les apparences sont trompeuses, John et Maya vont découvrir qu'il y a plus dangereux encore qu'un serial killer en liberté.


Un professeur en archéologie et une directrice de musée sont retrouvés morts sur des sanctuaires Thrace, la gorge tranchée. Un reporter free-lance américain, en visite dans sa belle-famille, décide de mener l'enquête aidée par une journaliste bulgare. Mais d'autres meurtres de chercheurs de trésors et la mafia bulgare viennent compliquer la tâche.


Dans la première partie du roman avance peu car l'auteure alterne l'enquête avec la vie de la belle-famille et l'histoire de la civilisation Thrace. Les références historiques, archéologiques et relatives à la concordance des panthéons ne sont pas inintéressantes mais elles créent de nombreuses longueurs tout comme la vie de la belle-famille. Dans cette première partie l'auteure peine a maintenir le suspense.

Si dans les parties suivantes le rythme s'accélère, le lecteur n'assiste pas aux autres meurtres rituels qui ne sont que rapportés cela enlève du mordant à l'intrigue principale. Dans la troisième partie qui nous rapproche du dénouement l'on assiste à des scènes invraisemblables et l'auteure est obligée au dernier moment, sur l'une d'elles, la plus longue, d’effectuer un brusque changement de direction pour garder ses deux enquêteurs. On a également droit à une coucherie entre eux ce qui n'apporte bien sûr rien à l'intrigue principale.

Les personnages de premier plan sont certes intéressants à suivre mais l'écriture est trop lourde, il y a trop de détails inutiles, la dynamique de lecture s'en ressent. En opposition certaines scènes qui auraient avoir de l'intérêt pour l'intrigue sont elles expédiées, bâclées.

On avait un contexte historique intéressant, des personnages qui s'avéraient, au départ crédibles et bien croqués mais par la suite les personnages de second plan sont par trop caricaturaux, un rythme trop lent, et une intrigue mal maîtrisée.




dimanche 8 septembre 2019

Epouses et assassins de Kwei Qwartey



Au Ghana, quand un policier de la capitale part enquêter dans un village, tradition et modernité s'affrontent... Le voyage initiatique d'un homme pris dans les rets du temps et des coutumes. Gladys, étudiante en médecine, a été assassinée près du village de Ketanu où elle était bénévole pour un programme humanitaire. L'inspecteur Dawson est envoyé depuis Accra pour résoudre l'affaire. Étrange retour en arrière : vingt-trois ans plus tôt sa mère, originaire de la région, a disparu au même endroit. Déboussolé par les pratiques locales, Dawson voit son enquête piétiner. Et pourtant, les suspects sont nombreux prêtre féticheur, médecin traditionnel, admirateurs de Gladys, éconduits ou non... A Ketanu, l'amour, la haine et la jalousie sont tenaces, voire mortels.



Une jeune étudiante en médecine qui œuvre bénévolement pour le Ministère de la santé est retrouvée morte dans la forêt qui jouxte le village de Ketanu. Sans traces de blessures apparentes ni de coups la police régionale classe l'affaire en mort naturelle. Mais deux mois plus tard lors de l'autopsie effectuée à Accra la capitale révèle qu'elle a été étranglée. La police criminelle envoie sur place l'inspecteur Dawson le seul qui parle le dialecte local.

Avec Épouses et assassins, le lecteur plonge dans une enquête tout ce qu'il y a de plus classique avec un meurtre au début et la recherche, sans rebondissements, du détail qui permettra de confondre l'assassin. L'intrigue est bien menée, on explore pas à pas les différentes pistes possibles.

En plus de l'enquête l'auteur nous dépeint la vie quotidienne d'une société ghanéenne tiraillée entre coutumes ancestrales et modernité. Il dénonce les effets pervers des croyances ancestrales et l'inspecteur Dawson aura dans ce milieu traditionnel beaucoup de mal à faire accepter ses méthodes rationnelles face aux pratiques expéditives qui perdurent.

Le personnage n'est pas un inspecteur qui sort du lot, mais un homme simple avec ses qualités et ses défauts. Il a une histoire familiale qui aurait pu le miner avec la disparition de sa mère alors qu'il était encore enfant et un frère handicapé suite a un accident de la route. Mais l'auteur ne s'étend pas sur ces sujets comme c'est souvent le cas dans les policiers où les auteurs en rajoutent sur la vie personnelle du policier.

Le style de l'auteur est simple, direct, sans fioritures et bien adapté à une intrigue policière classique.

Ce roman avec des thématiques fortes s'avère intéressant, dépaysant dans l'exploration d'une société africaine et agréable à lire.



mardi 3 septembre 2019

Les meurtres au poisson de Suzanne Visser



À Tokyo, un tueur en série a assassiné huit personnes d'origine étrangère qui résidaient dans la ville. Le meurtrier a utilisé un long couteau à poisson avec lequel il a tranché en deux ses victimes. Devant la carence de la police locale, une conférence internationale décide de confier l'affaire à sept hommes et femmes, spécialistes étrangers qui travailleront sous la direction de Ichiro Mochizuki, le commissaire en chef de Tokyo. L'équipe est complétée par deux directeurs de bureau et un interprète tandis qu'une psychologue chinoise aidera à établir le profil du coupable et de ses victimes. Les enquêteurs débarquent à Tokyo où ils sont logés dans un grand hôtel. Puis ils commencent à se présenter les uns les autres, avant de s'organiser pour traquer un tueur dont ils ignorent tout. Quoi que très invraisemblable, ce choix de mettre en scène une équipe internationale de fins limiers est assez séduisant. Et dès lors, l'enquête à laquelle ils doivent participer devient, pour chacun d'entre eux, l'occasion de découvrir les coutumes et la culture d'un pays étranger.



Suite à huit meurtres d'étrangers et la police japonaise n'ayant aucune piste de puis plusieurs mois, une conférence internationale à l'initiative des États-Unis décide de remettre l'enquête à sept inspecteurs et criminologues étrangers assistés par une psychologue chinoise.

Avant de plonger le lecteur dans le contexte de l'intrigue l'auteure nous livre un premier chapitre sur les us et coutumes des japonais.

Ensuite elle passe à la description des différentes victimes, à la présentation par eux-mêmes des enquêteurs. Elle nous gratifie également d'un long exposé sur les sérial-killer.

L'enquête en elle même tarde à démarrer et jusqu'à la moitié du roman les chapitres se succèdent avec des enquêteurs qui exposent leur point de vue sur l'affaire mais sans réelle avancée sur l'enquête. L'auteure continue à décrire les particularités des japonais, leur mode de vie, leurs réaction,... ce qui de bien entendu cette manière de procéder crée de nombreuses longueurs.

Ce n'est qu'au huitième chapitre – sur douze – que l'auteur expose l'avancée des enquêteurs en établissant une liste des indices que le lecteur n'a pas su relever car noyés dans la masse des informations qui n'apportaient rien au développement de l'intrigue. A partir de là on trouve enfin du rythme à l'histoire et la plume de l'auteure devenant plus fluide et favorise la dynamique de lecture jusqu'ici très lente.

Un lexique en fin de roman explique les termes japonais cités tout au long de l'histoire.

Un policier classique sur le fond mais pas sur la forme qui contient trop de longueurs mais qui n'est pas inintéressant pour découvrir le mode de vie des japonais.