1206.
Les terres d’Auvergne ont été récemment rattachées au Royaume
de France mais Philippe Auguste bataille toujours contre les
Plantagenêts pour agrandir et unifier son domaine royal. Maistre
Bourdon, un vieux forgeron détenteur jalousé du secret des lames de
Damas, et son jeune apprenti Auguste coulent des jours paisibles dans
le petit hameau de Ranchoux entre Saint-Pal-de-Chalencon et
Craponne-sur-Arzon. Mais le cours nonchalant de leur vie va soudain
se voir perturbé par de bien insolites incidents. Et le spectre d’un
sombre péril que l’on croyait disparu depuis des lustres se
dessine de nouveau à l’horizon…
Comme
l'indique la quatrième de couverture La Confrérie des Corbeaux
projette le lecteur en terrain connu puisque cette Fantasy Historique
s'inscrit dans un monde connu : la France. Un royaume de France
à l'époque plutôt étriqué puisqu'en 1180 il ne s'étendait que
de Paris à Orléans. Le récit historiquement parlant se situe en
plein conflit entre les Français et le Anglais juste après la chute
du Château Gaillard que Richard Cœur de Lion avait fait érigé
pour surveiller la Seine. Suite à cet affront le Roi d'Angleterre
forme un coalition avec l'Empereur Germain, les Comtes de Flandres et
de Boulogne.
C'est
donc dans cette période instable que s’installe le récit mêlant
Histoire avec un grand H et récit imaginaire. Un arrière plan
assez classique dans le genre, mais seulement évoqué dans le
prologue. Au début du récit nous suivons un maître forgeron bourru
et son assistant. Envoyé effectuer une réparation sur un chariot à
la nuit tombée l'assistant n'étant pas rentré, le forgeron part,
en pleine tempête, à sa recherche. L'auteur servant du temps
déplorable fait monter crescendo une atmosphère des plus
inquiétante qui va parfaitement coller à la suite des événements.
Dans un climat de peur bien installée les deux protagonistes vont
rencontrer une petite troupe d'hommes d'armes.
Une
troupe où tous les membres sont entièrement vêtus de noir d'où le
titre du roman. C'est à partir de cette rencontre que l'imaginaire
va prendre le dessus sur le moyen-âge et le quotidien de nos deux
artisans. Au fil des pages qui se tournent la tension ambiante se
fait plus pressante, l'inquiétude se meut en terreur, jusqu'à virer
dans l'horreur dans la dernière partie du roman.
Les
descriptions finement ciselées permettant au lecteur de bien
s'immerger dans cette partie de l'Auvergne et dans le climat de
crainte de cette période de notre histoire. Si l'intrigue met en peu
de temps à se développée, les révélations faites par la troupe
deviennent rapidement addictive. L'existence du Confrérie sécrète
œuvrant en marge de l’Église Catholique Romaine est un thème que
l'on rencontre plus régulièrement dans les romans
historico-ésotériques que dans le genre présent.
Si
le bestiaire développé par l'auteur est dans sa grande majorité
courant en Fantasy, les créatures de cauchemar mangeuses d'âmes
apporte une pointe novatrice au genre et au roman.
Les
personnages principaux sont bien développés au niveau
psychologique : l'opposition d'un caractère bourru opposé à
la grandeur d'âmes fait que l'on s'attache rapidement aux deux
forgerons. L'auteur par le biais de flash-backs revient sur le passé
du forgeron. Une manière de procéder qui n'est pas sans créer
quelques longueurs mais qui se révèle nécessaire pour mieux
comprendre les dessous du récit. Les personnages secondaires, hormis
l'un d'
eux
auraient gagnés à être un peu plus fouillés ce qui aurait
également permis d'étoffer le roman qui se révèle un peu court.
La
magie bien que présente, n'occupe pas l'avant de la scène, mais
surgit à un moment critique du récit et l'on a une forme d'hommage
déguisé à un certain enchanteur de légende.
Le
vocabulaire moyenâgeux employé dans les dialogues donne plus de
crédibilité au récit permettant ainsi de mieux intégrer
l'imaginaire à la partie historique du récit. Le lecteur ne
rencontre aucune difficulté à l'appréhender dans les premiers
chapitres les dialogues sont traduits en français de notre époque,
et pour le reste du récit lexique est disponible en fin de roman.
C'est
sur un final un peu triste et ouvert que se termine ce présent volet
laissant au lecteur bon nombre de questions sans réponses.
Un
univers cohérent où imaginaire et histoire s'imbriquent de fort
belle manière, des personnages intéressants qui évoluent au fil
des pages, une action quasi omniprésente et une ouverture pour le
prochain volet qui laisse planer le mystère. Un début plus que
prometteur et un auteur à suivre.
3 commentaires:
Cher Pierre-Marie (Goupil),
Il n'est de plaisir plus grand pour un auteur (et moins cet auteur est connu, plus cela est vrai !) que de recevoir un message d'appréciation d'un lecteur. Votre commentaire me fait extrêmement plaisir et je vous en remercie.
J'ai, bien sûr, suivi votre lien et ai lu avec grand intérêt votre revue qui m'éclaire sur le détail de votre critique. Je me sens flatté que vous me catégorisiez dans "les auteurs à suivre" et je prends bonne note de vos remarques constructives sur les points à améliorer pour la suite. Comme le dirait un certain Valérian (Agent spatio-temporel) dans un de ses discours : "Je serai digne de l'honneur qui m'est fait."
Si vous faîtes partie des quelques trente cinq premiers à avoir acheté "La confrérie des corbeaux", vous avez certainement noté quelques fâcheuses coquilles et l'absence de numéros de page sur cette première édition... Mes plus plates excuses pour cette erreur de dossier d'import qui a été rectifiée dans la foulée (mais trop tard pour les premiers lecteurs, j'en suis désolé).
En remerciement pour votre soutien et encouragement dans votre site (auquel je viens de m'abonner !), permettez-moi de vous envoyer en avant-première les quelques pages du prologue du second tome sur lequel je travaille. Vous trouverez mon mail personnel dans la boîte de votre site, contactez-moi et je vous l'enverrez au plus vite... Juste pour vous mettre "en appétence" pour la suite.
Encore merci et... Gardez-vous de mal,
Chris Ranchoux
Il faut vraiment, vraiment que je mette la main sur ce livre!!! La quatrième de couverture et la magnifique couverture avaient suffi à me mettre l'eau à la bouche, et ta chronique ne fait que confirmer cette première impression...
Ceci dit je dois avouer en avoir sauté des passages de crainte de me faire spoiler: je préfère garder le maximum de suprise!
Bonjour des terres sequanes, mais dont les origines me ramènent à Craponne et je dois vous dire que cest l'evocation du village de mes ancêtres qui a attiré mon attention sur le livre. Jen suis page 54 et jai hâte de voir maistre Bourdon faire parler la faucheuse mais surtout voir votre tome 2 sortir! auteur au top et pas de chichi avec des personnages faiblards! Bonne continuation et banzai!
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