RÉSUMÉ
Un
monde qui ressemble à notre Renaissance, menacé par la montée des
océans grouillant de créatures maléfiques, où règne la violence,
la famine et la misère. L’Église des Cendres prospère sur tout
ce désespoir, menée par la mystérieuse Marie aux yeux verts. Dans
une des dernières villes émergées, Joad tente d’apaiser les
souffrances et se prépare à affronter l’Armée des Cendres. Joad
et Marie vont s’engager dans une course dont l’enjeu n’est rien
de moins que le sort du monde.
L'AUTEUR
Estelle Faye est une écrivaine française de fantasy. Comédienne (théâtre et télévision), elle a appris tous les métiers de la scène (accessoiriste, chanteuse, machiniste, dramaturge..). Elle a suivi des cours de théâtre à Paris et à San Francisco et a scénarisé plusieurs courts métrages dont un qui a été récompensé par le prix France Télévision au festival de Cannes.
Elle se consacre aujourd'hui à la réalisation et à l'écriture. Elle est l'auteur de quelques nouvelles (dont "Suriedad" parue dans l'anthologie "Dragons") et de deux romans publiés en 2012 et 2013 : "La dernière lame" paru chez Le Pré au Clercs et "Porcelaine" paru chez Les moutons électriques.
Pour
ses débuts l'auteur nous propose un univers riche, original, qui
ressemble à notre renaissance. Un monde en train d'être englouti
par les eaux qui recouvrent tout, faisant disparaître des contrées
entières . Le monde terrestre disparaît inexorablement forçant la
population à s'y adapter. Dans cet univers glauque, où l'on ressent
la montée inévitable des eaux, des créatures incroyables
s'attaquent aux gens reprenant à leur manière le contrôle de ce
monde.
L'idée
principale est intéressante et d'actualité, la recherche désespérée
d'une alternative est légitime et captivante.
C'est
dans cette atmosphère pesante, à la limite du supportable, qu'on
trouve l’Église des Cendres forçant tout le monde à se convertir
à coups de combats sanglants ; ces fanatiques arguant que ce
chaos est une punition de Dieu. Il semblerait que l'auteur ce soit
inspirée des faits et méfaits de l'Inquisition avec son Église des
Cendres. Mais pas seulement comme nous le verrons plus loin dans ma
chronique.
Le
lecteur que je suis n'a eu aucun mal à s'immerger dans l'univers de
l'auteur, les images s'imposant d'elles-même dans ma tête.
En
première ligne des fanatiques, il y a Marie, la terrible lady, sans
mémoire et sans cœur et, s'opposant à elle, Joad le docteur qui se
bat pour sauver son hôpital. Dans le premier chapitre, on découvre
en Marie, une jeune femme innocente qui va évoluer jusqu'à devenir
une machine à tuer. Respectée et détestée à la fois, le lecteur
espérant tout au long du récit qu'elle va s'amender et retrouver
le droit chemin, mais plus les pages se tournent, plus elle s'enfonce
dans lest ténèbres pour finir à la tête de l'armée des ombres.
Face à elle, Joad, qui malgré son handicap 'est un homme dévoué à
son prochain et très attachant. Deux personnages qui par bien des
côtés se ressemblent, tous les deux ont été privés de leurs
souvenirs, et tous les deux se battent pour ce qu'ils croient être
juste.
C'est
grâce Joad que nous allons faire connaissance avec Jester, un
personnage très important mais qui nous apparaît bien tard dans
l'histoire. Pari des années auparavant chercher une solution, un
espoir de sauver le monde et faire reculer les eaux. Une façon de
semer le trouble dans l'esprit du lecteur : qui est cette déesse
supposé sauver le monde ?
Est
ce Marie ?
Marie
qui nous surprend par sa force, mais aussi par sa cruauté, son
obstination. Comme la Jeanne d'Arc du Chaos, elle déchaîne le
fanatisme et endosse le martyr.
L'aventure
relatée est intéressante à suivre, l'action est bien menée, et
les combats bien que nombreux ne sont jamais répétitifs. Les
ellipses sont globalement bien gérées ; seule la transition
Cendres/Ombres de Marie aurait méritée un plus ample développement.
Le changement est un peu brutal, on aurait aimé mieux le connaître,
avoir plus de temps pour le voir se mettre en place. L'histoire est
crue, violente, noire et sort des sentiers battus, loin de la romance
qui est trop souvent l'apanage des romans jeunes adultes.
Dans
ce roman dédié à la jeunesse, Estelle Faye, n'a pas peur d’aborder
des sujets délicats, comme la folie que les guerres peuvent
engendre, le fanatisme qui va malheureusement de pair avec la
religion, le combat face à l'étroitesse d'esprit de certains.
L'épilogue est vraiment bien choisi et vient subtilement refermer la
boucle de l'histoire.
Avec
un livre inclassable et à la limite des genres, pour son premier
roman, l'auteur entraîne de la meilleure manière le lecteur dans
un roman sombre et tout autant lumineux.
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