vendredi 11 novembre 2016

L'ombre d'Ararat, Thomas Harlan


Lecture dans le cadre du challenge :




Des allées sombres de Subure aux remparts assiégés de Constantinople, des déserts de Palestine aux pentes du mont Ararat, les armées des deux Empires Romains, celui de l'Ouest et celui de l'Est, combattent celles de la Grande Perse. Les mages jettent leurs sorts, les généraux tirent leurs plans, les morts sortent de leur tombe. Maxian Atreus, frère de l'Empereur d'Occident et guérisseur, découvre qu'un sort monstrueux a été jeté sur l'Empire. Mais pourra-t-il à temps en trouver les racines ? La belle Thyatis, entraînée depuis l'enfance pour devenir une arme invincible, est chargée d'une mission impossible par delà les mers et les continents, face à des puissances maléfiques. Tous deux devront aller jusqu'au bout d'eux-mêmes pour l'Empire, pour les Dieux, et pour sauver leur propre vie.



En l'an 600 après JC, l'auteur part du principe que les Empires Romans dominent toujours la Méditerranée avec leurs royaumes d'Occident et d'Orient en contrôlant pratiquement tout le monde connu des Celtes aux Égyptiens. Constantinople, capitale de l'Empire Romain d'Orient est menacé par les Perses et l'Empereur Galen décide de régler une fois pour toute ce problème en mettant à genoux las Perses.

C'est donc avec pour toile de fond une guerre , que l'auteur nous invite à suivre les destins croisés de nombreux personnages et plus particulièrement celui des protagonistes principaux.

C'est dans une histoire dense que l'auteur nous invite nous invite à suivre trois intrigues. Tout d'abord Maxian, jeune frère de l'Empereur, a qui il a confié une partie de la garde du pouvoir découvre qu'un malédiction pèse sur Rome

Les autres intrigues, plus secondaires, consiste à suivre deux des personnages principaux dans les préparatifs de la guerre qui s'annonce, en premier lieu Thyatis une farouche guerrière espionne de Rome qui se retrouve en première ligne afin d'espionner l'ennemi et en second lieue Dwyrin McDonald un apprenti magicien mandaté par ses supérieurs pour rejoindre le front et plus particulièrement une unité de la Légion l'Ars Magica. Bien entendu l'auteur, en second lieu nous invite à suivre L’Empereur Galen et son homologue Oriental dans leurs préparatifs d'invasion.

Dans un premier temps, l'auteur s'attache, par le biais de chapitres très courts qui déroutent quelque peu le lecteur, à nous présenter les personnages principaux mais également des protagonistes de second plan et de placer de manière assez brève le contexte géopolitique. Dés le début du roman, avec une écriture sèche et incisive, l'on sent que l'auteur, dans cette histoire, va plus s'attacher à nous fournir des informations vitales à la saga que de chercher chez le lecteur à créer des émotions.

Dans cette première partie l'auteur multiplie également les introductions des personnages et les voyages de Rome à Constantinople et l'on a quelques difficultés à distinguer les personnages de premier plan des simples figurants.

L'intrigue principale se densifie au fil des chapitres, plongeant le lecteur dans le marasme que subit Rome, avec pour fil conducteur cette malédiction qui pèse sur la ville et qui a pour effet de frapper de mort violente tous ceux qui essayent d'introduire des innovations technologiques.

Dans ce premier tome, l'on peut constater une très bonne connaissance de l'auteur pour l'Antiquité, qu'il fait abstraction de la montée du christianisme trop souvent évoquée dans le genre avec notamment l'Inquisition et que son attention est surtout portée sur le cadre historique, la part de magie ne servant ici qu' à faire ressusciter Jules César.

L'auteur a fait le choix d'échapper au classique Moyen-âge en situant son histoire dans un décor plus exotique à savoir l'Antiquité. Pour nous offrir un monde cohérent avec le genre il jongle avec le réel en le mâtinant d'apports personnels : crée de nouvelles dynasties, réinvente les grandes batailles, fait abstraction du développement du Christianisme et joue un peu avec les religions existantes. En mêlant des éléments de magie et de science aux grands hommes de ce siècle il nous offre un monde cohérent et nous démontre sa parfaite connaissance de cette période de l'histoire. L'apport de la science occupe une place importante dans le récit, elle se montre très diversifiée des machines volantes à des êtres construits comme de véritables engins mécaniques. La manière de présentée ces technologies par le biais de la magie est innovante en fantasy.

Les personnages, même si l'auteur ne rentre peut être pas assez dans leur psychologie, de premier plan comme les second rôles sont convaincants et passionnants. Se détachent Thyatis une jeune fille entraînée depuis son enfance pour devenir une arme invincible, Maxian Atreus frère cadet de l'Empereur Romain et guérisseur, Dwyrin McDonald un sorcier de second ordre missionné pour rejoindre la légion des thaumaturges la IIIème Ars Magica. Trois personnages principaux très intéressants qui devraient prendre plus d'ampleur par la suite.

Dans les personnages secondaires, eux aussi intéressants et ayant un rôle à jouer dans l'avenir. En premier lieu Ahmet, un prêtre-sorcier égyptien, enseignant dans l’école de magie où étudiait Dwyrin, et qui croise Mohammed dans le désert, pour trouver ensuite l’amour dans les bras d’une très belle reine ; puis Mohammed, un homme du désert, aventurier et marchand, mais aussi homme de pouvoir et philosophe, qui pourrait bien dans un autre univers avoir été le prophète d’un dieu unique. Il y a Jules César, rappelé d’entre les morts pour servir Rome. Harlan en fait un deuxième rôle époustouflant, un mort vivant encore très vert qui préfère courir les jupons dans les allées de Rome plutôt que de ressasser son pouvoir passé et son assassinat.
Le ton incisif de l'auteur peut sembler manquer de chaleur et de lyrisme, s'attachant plus aux faits qu'aux ressentis des personnages, mais la lecture demeure agréable car le récit contient suffisamment de bonnes idées et fait preuve d'une belle vitalité. Le style direct et les chapitres généralement courts donnent une excellente dynamique de lecture.

Uchronie, conflits, sorcellerie, le récit a tous les ingrédients pour plaire même si l'on peut noter quelques clichés bien américains.







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