mercredi 23 novembre 2016

Le rite de Lumness, Matthieu Fichez


Lecture dans le cadre du challenge :



Que peut-on faire d’une jeune fille qui, sur un coup de tête, vient de ruiner les projets politiques que l’on avait bâtis autour d’elle ? L’envoyer au couvent paraissait une bonne idée... Avec l’accroissement des troubles aux frontières du monde connu, Sendre va découvrir au gré de ses rencontres que le monde n’est pas aussi manichéen qu’elle le pensait, et que trahisons et alliances peuvent bouleverser la donne, quel que soit le camp dans lequel on se tient.


Dés le premier chapitre on n'arrive pas à accrocher avec le personnages présenté, une adolescente prétentieuse qui n'attire pas la sympathie, il en est de même pour le personnage suivante, une reine trop hautaine. Si d'entré d'histoire l'auteur a choisi de rebuter le lecteur avec des personnages clichés c'est parfaitement réussi, et la narration à la première personne ne fait qu'accentuer cette impression.

On n'était déjà déçu par la première accroche de l'histoire avec une attaque des Verts à laquelle on n'a pu assister. Il aurait été plus fort pour l'histoire que le récit démarre sur une phase d'action ! Et que dire des Verts bien trop récurrents en fantasy !

On se prend à espérer que les chapitres suivants soient plus intéressants. Mais il n'en est rien, le lecteur continue à nous présenter ses personnages comme dans un catalogue, alternant ensuite avec les différents protagonistes sans que l'on voit paraître de lien entre eux.

L'univers ne nous parvient que par d'infimes bribes s'avérant des plus basiques en tous points, tant au niveau des races, de la magie et des peuples Anciens. Touts les éléments de cet univers semblent tout droit sortie des manuels du JDR DnD des années 70 : une première impression qui va se renforcer au fil des chapitres.

Les chapitres défilent et le lecteur commence à se lasser qu'il n'y ait aucune inter-connexion entre les différents acteurs, les différents nations, et il faut attendre les cent cinquante pages pour que le récit parvienne enfin à avoir un peu d’intérêt et que l'on commence à voir l'ébauche d'un semblant d'intrigue. Et ceci par le biais qu personnage Inconnu qui avec l'aura de mystère qui l'entoure est le seul à susciter chez nous une petite attention avec le chapitre quatorze où un plan machiavélique se trame dans l'ombre. A ce moment précis de l'histoire l'on se prend à espérer qu'avec des mages mort-vivants, une épée buveuse d’âmes, qu'enfin le récit prenne enfin de la profondeur et verse dans la Sword and Sorcery ou à défaut dans la Dark Fantasy. Mais non l'auteur continue sur le même ton.

Quelques pages plus tard on se retrouve projeté dans l'est d'un Royaume où un affrontement va avoir lieu avec des créatures humanoïdes, chic enfin de l'action ! Mais non ! Trois coups d'épées de l'un des protagonistes suffit à régler le problème, cette phase étant uniquement centrée sur le personnage, et après cette trop brève bataille tout ce qui inquiète le prince c'est qu'il va devoir nettoyer son matériel ! Le récit adopte une tonalité trop légère en comparaison des éléments préalablement distillés par l'auteur.

Cinq chapitres plus loin le récit prend de l'épaisseur, et si la Reine va enfin faire montre de toute l'étendue des pouvoirs magiques que lui confère son dieu, on a également droit à l’apparition des Drows tout droit sorti de Menzoberrazan ! Après Gigax, Moorcock, merci à R. A. Salvatore ! Merci également à Casus Belli un peu plus tard dans le récit pour les Sahuagins ! Pour un lecteur averti du genre on ne peut s'empêcher de constater que l'auteur puise trop, trop largement dans les romans de ses prédécesseurs, dans les règles du Jeu de Rôle et des revues connexes de la même époque. Si pour les lecteurs plus jeunes peuvent voir de la nouveauté dans l'univers complexe de l'auteur, il est force de constater pour les lecteurs du troisième il n'en est rien, l'auteur ne nous sert que du réchauffé !

Heureusement la deuxième partie de l'histoire devient plus intéressante : les pièces du puzzle commencent à s'imbriquer, l'intrigue se densifie, les combats magiques et conventionnels deviennent visuels et bien réglés, les inter-actions entre les personnages succèdent aux événements. La dynamique de lecture très lente dans la première partie s'en trouve accélérée et la lecture pour le lecteur devient agréable. L'on commence à prendre un certain plaisir à suivre le récit.

A défaut d'être original l'univers est dense. Les descriptions sont détaillées, visuelles et le lecteur n'a aucun mal à s'y plonger. Pour les descriptions il est nécessaires de préciser que parfois l'auteur à tendance à trop attacher d'importance à des points mineurs et moins à des points que le lecteur juge d'importance plus cruciale, voire même parfois de les ignorer totalement. Géographiquement , comme on peut s'en rendre compte lors du Conseil des Nations, le monde est vaste, comporte de nombreux pays dont on ne sait absolument rien, l'histoire se déroulant essentiellement dans deux royaumes et un califat. Et comme le récit est uniquement centré sur les protagonistes , on ne sait que peu de choses sur les populations tout comme les échanges entre les autres nations. On aurait aimé découvrir les us et coutumes des différents peuples.

Même si l'on a peu de mal à entrer en osmose avec les divers protagonistes, ils sont très bien caractérisés et évoluent de manière significative au fil des chapitres. Le personnage de l'Inconnu apporte une part de mystère au récit et suscite l'attention permanente du lecteur.

La plume de l'auteur est agréable, le style fluide et direct, ce qui après une mise en place dense dans la première partie, permet de suivre avec plus d’intérêt l'histoire quand les rouages se mettent en action. La deuxième partie de l'histoire est bien équilibrée.

L 'auteur distille une pointe d'humour dans son récit notamment lors des échanges du prince Hinrieg et son épée, même si certaines interventions peuvent parfois paraître quelque peu puériles.

Au final malgré les errements de l'univers, le Rite de Lumness est une bonne fantasy, et c'est avec plaisir que l'on suivra les pérégrinations des différents protagonistes dans le tome suivant qui devrait prendre encore plus d'épaisseur.






1 commentaire:

Althea54 a dit…

Je reste curieuse de ce livre, l'auteur m'ayant démarchée il y a peu... avec une barre passée à mi-hauteur, ça devrait passer ;)