jeudi 3 décembre 2015

Le Santerrian, Luc Saint-Hilaire (Gouand)



La puissance des armes et celle de l'esprit : ces deux forces doivent s'unir afin de vaincre Vorgrar, l'Esprit Mauvais, qui cherche à imposer se domination sur le Monde d'Ici. Dans le premier volet de cet affrontement, le jeune Ardahel du Pays de Santerre doit lever le Glaive Nouveau contre Vorgrar et son puissant allié, le Maître Sorvak qui a déjà conquis les lointains Pays du Levant. Mais pour accomplir se tâche, il lui faudra d'abord triompher de ses propres peurs et accepter les responsabilités reliées à son titre de Santerrion. Il prendra la route en compagnie de son ami de toujours, Loruel de Nulle-Part, appelé lui aussi à jouer un rôle primordial contre les envahisseurs. Ainsi que les Sages du Pays de Santerre l'ont affirmé aux deux camarades, si Loruel doit retrouver un pays qu'il ne connaît pas afin de révéler ce qu'il sait de lui, Ardahel doit pour sa part quitter un pays qu'il connaît pour enfin découvrir ce qu'il ignore de lui. Cette quête les fera traverser le continent du Lentremers, de la Mer du Couchant à celle du Levant. Sur leur route, ils rencontreront des Races Anciennes, forgeront de nouvelles alliances et feront renaître l'espoir parmi les peuples écrasés par la domination des Sorvaks. Toutefois, au plus fort des combats, ils découvriront que l'ennemi n'est pas celui qu'il semblait être. Les armes devront changer, mais le but demeure crucial: abattre Vorgrar.


Dans un prologue, l'auteur présente les récits du livre comme rédigés par un troubadour lors de ses voyages dans le Monde d'Ici.

L’histoire débute en pleine session du conseil des Sages qui doivent désigner le successeur d'un des Princes du conseil royal décédé. Les Prétendants à la fonction attendent le verdict, un favori se détache nettement. Un verdict qui ne sera pas celui auquel s'attendaient les le Roi, le Conseil des Princes... et l'intéressé lui-même.

Le postulat de départ énoncé à la quatrième de couverture, à savoir défendre le Pays de Santerre face à une menace d'invasion s'avère des plus basiques : un jeune adulte doit brandir le Glaive et sauver son pays.

Le récit démarre lentement, l'auteur prend son temps pour décrire les Postulants et leurs tenues vestimentaires, la salle du Conseil Royal, le pays géographiquement, la diversité des peuples et leurs us et coutumes... Si le lecteur n'a aucun mal à s'immerger dans l'univers que l'auteur nous décrit, la minutie avec laquelle il le fait n'est pas sans créer de nombreuses longueurs. Certes il est nécessaire de poser les bases du récit mais ici certains détails ne sont pas jugés nécessaires pour l'intrigue en elle même. Si la référence au Pays de Santerre pouvait laisser à penser que l'auteur allait nous dépeindre une région de la Picardie, il n'est est rien son monde lui est propre et de facture tout ce qu'il y a de plus basique en fantasy. Le lecteur espère qu'il s'étoffera au fil des pages et que l'auteur y inclura des idées novatrices.

Un retournement de situation entraîne très rapidement le lecteur dans une intrigue subsidiaire qui n'apporte rien à l'intrigue principale mais l'auteur en profite pour développer son univers en nous présentant de nouvelles races mais également la Genèse du Monde d'Ici . Un aparté qui reprend les bases de la Création du monde de la Mythologie Nordique que l'auteur n'a fait qu'arranger pour s'intégrer à son histoire. Une partie importante de l'histoire et qui malgré quelques actions ne fait une fois de plus qu'engendrer des longueurs.

De suite l'auteur poursuit son délire créatif et le lecteur est cette projeté dans une autre direction, et découvre un paysage post-apocalyptique où survit une peuplade auparavant fortement avancée technologiquement, les maigres indices fournis par l'auteur laissent à penser que ce peuple a subi la résultante d'une manipulation thermonucléaire hasardeuse. Le lecteur, même si le récit est intéressant, a beaucoup de mal à suivre l'auteur sur les chemins de travers qu'il emprunte et se sent désorienté. Si l'intrigue principale s'avérait, au départ classique avec un Prétendant et son Compagnon qui se lançaient, suite à la sempiternelle prophétie, dans une quête initiatique et identitaire, on a la nette impression que l'auteur a voulu écrire un roman dense, complexe, en utilisant tous les ingrédients et ficelles possible du genre.

Tout dans le récit est trop facile, lorsqu'il y a enfin de l'action, le héros et ses amis se débarrassent de leurs adversaires en trois coups d'épée ou d'un sort surpuissant, lorsque le héros est tué dans une embuscade il est ramené a la vie par une puissance divine. Les dieux sont omniprésents dans la vie des jeunes gens, lorsqu'ils rencontrent un obstacle, par miracle tout s'arrange et de ce fait lecteur ne ressent aucune empathie pour les personnages puisqu'il sont invincibles et que rien ne peut leur arriver. La magie, classique, est surpuissante et n'est en rien novatrice, on est clairement dans un registre que l'on trouvait au début de la parution des romans du genre. Les combats qui pourraient donner de la dynamique à l'histoire, sont expédiés, pour ne pas dire bâclés, le lecteur n'a pas le temps de s'y immerger qu'ils sont déjà terminés. Si certains aspects du récit sont largement décrits, d'autres le sont beaucoup moins, l'on ressent clairement un déséquilibre entre les moments d'action et les descriptions.

L'originalité du roman consiste dans le fait que l'histoire soit narrée par un troubadour, ce qui s'en ressent dans le style de l'auteur. L'écriture est fluide, matinée d'une petite pointe de poésie, et malgré les longueurs, la lecture est plutôt aisée et l'histoire est distrayante, addictive malgré les nombreux errements qui la jalonne.

Si une partie du dénouement parvient à surprendre le lecteur, malgré quelques indices disséminés dans l'histoire, le final fait très contes de fées : ils se marièrent et vécurent heureux...

Au final, on est plongés dans une fantasy classique en tous point, à l'univers dense...trop dense, ce qui n'est pas vraiment surprenant lorsque l'on voit sa date de publication. Certes l'auteur nous offre un panorama détaillé du genre, mais là aussi peut être trop... Une fantasy simple, divertissante plutôt réservée à un lectorat pré-adolescent, s'ils ne sont pas rebuté par les nombreux passages descriptifs. 





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