Lecture dans le cadre du challenge :
L'Ordre
du Temple fut certainement, au Moyen Age, l'institution la plus
puissante de la civilisation occidentale. Bien que des milliers de
volumes et de brochures lui aient été consacrés, son histoire
demeure constellée de mystères. Cette enquête cherche à en
élucider quelques uns. Officiellement, l'Ordre fut constitué par
neuf humbles chevaliers. En moins de deux siècles, il devint un
immense empire militaire, politique et économique. Ce colosse aux
pieds d'argile s'effondra le 13 octobre 1307 sous les coups de
Philippe le Bel et de son éminence rouge : Nogaret. Pour quelles
raisons le plus pur et le plus sûr modèle de Chevalerie que
l'église ait créé connut-il un essor si prodigieux ? Pourquoi
succomba-t-il si brusquement dans l'opprobre, le sang et les flammes
? Michel Lamy s'emploie à décrire ce long règne aussi bien en
Terre Sainte qu'en France. Il démontre que loin d'avoir été réunis
par hasard, les neuf "pauvres diables", chrétiens par
excellence, furent chargés d'entreprendre à Jérusalem, sur
l'emplacement du Temple de Salomon, des fouilles destinées à
exhumer l'Arche d'alliance. Ces investigations achevées, l'Ordre du
Temple prit l'apparence d'une firme multinationale, développant le
commerce, créant la plupart des instruments financiers "modernes"
et s'évertuant à proscrire sur les lieux de ses implantations la
famine et la misère. A la fois moines et guerriers, les Templiers
œuvrèrent au grand jour. Toutefois, dans le secret de leurs
commanderies se célébraient d'étranges cérémonies à propos
desquelles on a glosé parfois jusqu'à l'absurde. Quelles réalités
recouvraient-elles ? Quelles hérésies ?
Un
ouvrage de plus sur les Templiers me direz-vous ! Oui et non,
car l'auteur sort des sentiers battus en répondant à certaines
questions soulevées par la lectures d'ouvrages plus basiques sur le
sujet. En effet, l'auteur s'attache à soulever des côtés plus
obscurs sur l'Ordre du Temple, non traités dans les ouvrages de
vulgarisation. L'auteur lève en partie certains des mystères
entourant les chemins non balisés de l'histoire secrète de l'Ordre
en amenant des hypothèses bien étayées par des écrits d'autres
historiens ou des témoignages architecturaux moyenâgeux.
Avant
d'entrer dans le vif du sujet l'auteur nous rappelle brièvement sur
l'histoire de l'ordre et de son évolution durant ses deux siècles
d’existence de la fin du Xème siècle à sa dissolution le 19 mars
1314 sur l'ordre de Philippe Le Bel qui voulait s'emparer de leur
trésor.
En
premier lieu l'auteur revient sur les réelles motivations qui
vinrent la création de l'Ordre et de ses premières années
d'existence. Créer à l'origine pour protéger les pèlerins qui se
rendaient à Jérusalem, ce fait soulève une question primordiale :
comment neuf chevaliers pouvaient-ils agir sur un si vaste
territoire ? L’hypothèse avancée par l'auteur comme quoi le
Temple travaillait pour l’Église sur des enjeux qui devaient
rester secrets est fort plausible étayée par des écrits
antérieurs, postérieurs d'historiens et par des témoignages
architecturaux visibles sur les cathédrales notamment.
En
deuxième lieu l'auteur remet en cause la rédaction de la Règle de
l'Ordre qui serait rédigée à partir d'écrits Esséniens qui
figureraient parmi les écrits des Manuscrits de la Mer Morte. Un
deuxième point là encore plausible vu les sources avancées.
En
troisième lieu l'auteur aborde les besoins immenses de l'Ordre en
capitaux et le mode de fonctionnement de la trésorerie qui sont à
l'origine de l'édification de Commanderies, des routes protégées,
des agences bancaires, des prêts à gages ancêtres du Crédit
Municipal. L'auteur à partir d'écrits revient sur le fonctionnement
donc de l'Ordre et de ce fait remet en cause la découverte de
l’Amérique par Christophe Colomb. Garant du Trésor Royal, l'Ordre
frappait la monnaie et pour cela avait un grand besoin d'Argent or
n’existait à l'époque ni de mines en Europe , ni en Orient. Des
nombreux témoignages du passé veinent renforcer de manière très
claire cette possibilité : l’Amérique, selon d’autres
historiens aurait vu avant Christophe Colomb bien des visites,
notamment celles des Vikings, mais aussi celles des pêcheurs Basques
qui pêchaient dans l'Estuaire du Saint-Laurent et au large de
Terre-Neuve. Là encore l'affirmation que le Temple se procurait de
l'Argent au Mexique nous éclaire sur l'immense richesse des
Templiers, un fait qui sera étayé plus tard par l'accusation faite
contre Jacques Cœur, argentier du Roi de France, qui avait suivi les
mêmes méthodes.
Dans
la quatrième partie l'auteur s'intéresse aux accusations d'hérésie.
S'il n'est pas prouvé que lors des cérémonies d'intronisation des
pratiques douteuses, dont le rejet du Christ, l'existence d'un organe
secret interne est bien effectif et il s'avérerait qu'il existait
plusieurs degrés d'intronisation. Ces accusations ont pu être
fondés sur certains faits : des textes bourrés de
contradictions qui suggéraient que l'intronisation maçonnique
aurait certaines similitudes avec les textes templiers, que l'Ordre
était proche dans sa philosophie de Saint Jean-Baptiste qui lui a
fait partie de la Gnose Essénnienne, mais aussi que les
moines-soldats aurait pu être proche du Culte de Mithra de par ses
accents martiaux, également que les Templiers étaient proches des
Cathares notamment en accueillant les chevaliers excommuniés – qui
est un fait avéré- et en dernier que sur la croix du Christ il
était inscrit Roi des Juifs, et qu'il serait possible que cette
dénomination soit la synthèse de deux personnes. Une dualité qui
expliquerait la symbolique de l'Ordre : d'un côté le saint et
le guerrier de l'autre le moine et le chevalier.
Une
autre accusation : celle d'adorer le diable en vénérant une
tête de bois barbue. Après avoir passé en revue les nombreuses
mythologies et relevé les analogies, passe en revue les différentes
qui pourraient expliquer étymologies ce rapport pour finir par avoir
une explication bien des années après le procès. Les Templiers
furent également accusés de s'être convertis à l'Islam et d'être
en relation avec la Secte Ismaélite des Assassins. Des alliances
somme toutes logiques, d'une part de part les les nombreux érudits
orientaux, et d'autre part du fait qu'il ait eu des points communs
avec cette secte, leur analogie de création et un but commun, la
destruction du pouvoir arabe. On trouve également dans cette partie
plusieurs références au Cycle Arthurien, la secte aurait été le
dernier détenteur connu du Graal.
Dans
la même partie et toujours pour les mêmes accusation l'auteur
s'intéresse à l'implantation et à l'architecture des sites
templiers. Il est a noter que de nombreux lieux sont situés près de
sources telluriques importantes, une situation qui a mené à
l'accusation de sorcellerie. On relève également des influences
astrologique, astronomiques, à la culture orientale, mais rie, ne
permet d'affirmer l'hérésie car bien souvent ces symboles par
extension se rattachent à des saints de l'église. Dans leurs
constructions les templiers ont souvent fait appel aux Cagots que
l'on considérés à l’époque comme hérétiques car on les
reliaient faussement à la lèpre.
Dans
la cinquième et avant-dernière partie l'auteur se penche sur le
destin tragique et ses résurgences par la suite. Si certaines pistes
s'avèrent exactes, la plupart des associations se réclamant du
Temple sont en vérité des officines charlatanesques. Et de sur
croit pour les pistes les plus vraisemblables rien n'a permit de
déterminer que les archives du Temple et son éventuel trésor leur
ont bien été léguées.
L'auteur,
dans la dernière partie présente trois lieux emblématiques de
l'Ordre : le Larzac où l'on découvre un culte curieux auxquels
le Templiers s'étaient intéressés, et pour terminer Arginy et
Gisors liés à l'éventuel trésor du Temple. Si le premier est
plutôt inédit, les deux autres sont très régulièrement évoqués
par de nombreux historiens.
Si
l'auteur répond à certaines des questions que l'on se posait, il
émet plus d’hypothèses et soulève plus de questions qu'il
n'apporte de réponses vraiment fondées. Un très bon ouvrage qui
permet toutefois de compléter les connaissances déjà acquises.
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