Olivia
Rönning, élève à l'école de police de Stockholm, a choisi, pour
son mémoire de fin d'études, de plancher sur un cold case vieux de
plus de vingt ans : le meurtre atroce d'une inconnue enterrée vive
sur une plage de l'île de Nordkoster un soir de marée d'équinoxe.
Seule la tête dépassait...
Première
difficulté : le policier qui enquêtait alors a pris sa retraite,
puis il a disparu. Et ceux qui sont encore en activité semblent peu
disposés à aider la jeune fille.
D'autres
obstacles surgissent, mais Olivia est opiniâtre et courageuse -
trop, sa curiosité dérange et lui vaut d'être agressée. Ses
recherches la mènent du milieu des sans-abri de la capitale, objet
d'attaques sauvages de la part de jeunes néo-nazis, à un réseau de
prostitution de luxe, mais aussi aux portes de l'empire minier d'un
industriel tout-puissant récemment décoré par le roi...
La
quatrième de couverture est assez explicite pour qu'il ne soit pas
nécessaire de débuter la chronique par un court résumé.
Dans un
prologue plutôt descriptif du site, les auteurs décrivent un
meurtre particulièrement horrible en opposition à la quiétude de
l'endroit. La couleur est clairement annoncée, comme dans la grande
majorité des policiers nordiques, le lecteur bénéficie d'une
atmosphère particulièrement glauque renforcée par les éléments
paisibles qui entourent l'enquête proprement dite. On s'attend donc
à un rythme plutôt lent du à la narration descriptive.
A
l'instar des autres auteurs venus du froid, les auteurs situent le
contexte dans lequel va se dérouler l'enquête de ce cold -case, en
nous décrivant le passage à tabac d'un sans-abris par un groupe de
jeunes, apparemment sans liens apparents avec le meurtre qui s'est
déroulé vingt ans plus tôt.
Dès le
début de l'enquête la jeune étudiante de l'école de police va se
heurter à un mur, personne ne peut la renseigner sur le dossier.
Les
éléments se mettent en place doucement, peut être un peu petit top
lentement et les auteurs nous glisse également une sous-enquête qui
n'a à première vue aucun rapport avec le meurtre commis sur l'île.
Les pièces du puzzle qui se mettent en place permettent aux lecteurs
d’échafauder de multiples hypothèses tout comme les enquêteurs.
L'enquête ne semble pas vouloir avancer et c'est le but recherché
par les auteurs pour faire monter crescendo l'attention et assombrir
l'atmosphère. Si son développement est plutôt lent, l'intrigue est
construite de manière astucieuse et tient la route d'un bout à
l'autre du roman malgré les croisements entre les enquêtes et les
différentes pistes qui s'ouvrent aux policiers au fur et à mesure
de la découverte d'indices.
L'enquête
subsidiaire met en avant la thématique la place des plus démunis
dans la société et le sort qui leur est réservé. Une question
cruciale qui soulève plein d'interrogations, et plus encore dans un
pays tolérant et accueillant comme la Suède. Elle soulève
également la montée de la violence, et notamment chez les jeunes.
Des thématiques d'actualité devant les quelles les gouvernements se
montrent impuissants.
Malheureusement
dans le cas des enquêteurs la qualité n'est pas la même, on
n'échappe pas aux habituels clichés du genre, la jeune novice qui
est ici même pas sortie de l'école, le policier a qui s'ouvrait une
belle carrière et qui a vraiment touché le fond, le policier
fainéant aux dossiers souvent bâclés,...
Le
dénouement final est à la fois surprenant et attendu: en effet
presque rien ne pouvait orienter le lecteur sur la piste du coupable
mais des indices disséminés pouvaient orienter le lecteur sur le
rapport de la jeune enquêtrice avec le meurtre commis vingt quatre
ans plus tôt. L'intrigue parallèle ne sert pratiquement à rien
puisqu’elle n'a aucun rapport avec l'intrigue principale, si ce
n'est d'ajouter une petite part d'angoisse au fond du roman et
remettre sur les rails le premier enquêteur de l'horrible crime
commis sur la plage des années auparavant.
Au
final, un bon roman policier bien construits avec des rebondissements
qui s’intègrent parfaitement à l'intrigue, et en filigrane un
portrait noir et réussi de la société suédoise urbaine.
L’écriture est plaisante, et si l'on n'atteint pas les sommets du
genre, tout y est réuni pour passer un bon moment.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire