Le
baron de Rochronde n'est plus. Et, selon la coutume, son fils Agone
doit lui succéder. Or, peu enclin à suivre les traces de son père,
guerrier sanguinaire impitoyable, celui-ci se destine à une vie
d'érudit itinérant. Agone accepte néanmoins la dernière requête
du défunt : passer une semaine au collège occulte du Souffre-jour,
où d'éminents maîtres d'armes et de magie initient aux arcanes de
puissants pouvoirs. Là, il va découvrir le sens de sa destinée...
Alors que grandissent menaces extérieures et conspirations fomentées
par les adeptes du Cryptogramme-magicien, l'héritier de Rochronde,
armé de sa fidèle rapière Pénombre et rompu aux plus redoutables
arts magiques, saura-t-il trouver son salut et délivrer les Royaumes
Crépusculaires qui sombrent dans la tourmente ?
Les
chroniques des Crépusculaires est découpé en trois parties
correspondants aux trois volumes de la trilogie.
Dans
la première partie intitulée Le Souffre-Jour, Agone, respectant les
dernières volontés de son père édictées par testament magique se
retrouve dans l'étrange collège de Souffre-Jour maintenu
dans une obscurité éternelle par les arbres magiques du même nom,
dont l'accès est réservé à quelques élus formés aux arts de
l'intrigue et de la manipulation. Lui qui avait choisi la voie
d'érudit et d’enseignant itinérant se retrouve entraîné, bien
malgré lui, dans un complot visant à renverser le pouvoir en place
et dont il sera la pièce maîtresse. Rattrapé par son passé, il en
ressortira changé à jamais et contraint de devenir le défenseur de
l'équilibre des forces magiques.
Une
première partie qui met en relief les atouts majeurs du roman, à
savoir son originalité et la qualité première de l'auteur son
inventivité. L'auteur pose un univers bien à lui, un univers
révolutionnaire pour l'époque où l'on se contente habituellement
de pasticher Tolkien ou les scénarios des jeux de rôles en
déclinant à l'infini les canons du genre : elfes, nains,
trésor à découvrir, royaume à défendre...
A
cet univers inédit et à une magie innovante et omniprésente,
l'auteur y adjoint comme protagoniste principal un antihéros courant
après sa destinée qui peut par l'utilisation d'une rapière dotée
d'une âme rappeler Elric de Ménilboné, mais par ses principes et
convictions Agone est bien loin de ressembler à ce dernier.
Dans
la deuxième partie, après la destruction du collège de
Souffre-Jour dont il est le principal responsable, Agone se rend à
Lorgol, théâtre de ses exploits quand sous la houlette de son père
il apprenait le métier d'assassin. Un passé qu'il voulait fuir en
suivant l'idéologie de Préceptorale. Un passé qui aujourd'hui le
rattrape. Il va y retrouver l'un de ses anciens compagnons, mais
aussi apprendre les notions de base de la magie. Rattrapé par l'un
des Psycholune désireux de se venger de la destruction du collège,
c'est un Agone qui n'est plus que l'ombre de lui-même qui poursuivra
son destin/
On
retrouve dans cette deuxième partie une autre vision de la magie,
toujours aussi innovante et spectaculaire pour l'époque. En effet
l'utilisation de Danseurs, source de l'influx magique, est une
invention bien plus poétique et riche que les manas et autres
fluides habituellement utilisés par les magiciens et sorciers.
Dans
cette deuxième partie l'auteur ménage bien le suspense en faisant
monter crescendo la tension sous-jacente jusqu'au derniers
paragraphes qui vont déterminés la suite de la trilogie.
Dans
la troisième partie après la quasi éradication des mages par
Lerschwin et face à l'invasion des territoires voisins, Agone,
décide, en prenant la tête de la résistance, de se rendre à
Rochronde. Accompagné des magiciens survivants, il va tenter de
coaliser les barons pour faire face à l'envahisseur.
Dans
la création de son univers pointe l'influence du jeu de rôle tant
l'auteur à pour celui-ci le goût du détail dans tout ce qui
entoure le personnage.
Si
la magie est omniprésente, novatrice, est le point fort de ce roman,
la narration quand à elle en est le point faible, l'auteur procède
effectivement par soubresauts dans le développement de l'intrigue,
certains passages s’avérant linéaires. De surcroît l'auteur ne
développe pas assez certaines de ses idées par rapport à
d'autres : un manque de structuration du roman est alors
ressenti par le lecteur. Dans la première partie le rythme de
l'histoire essouffle rapidement, par contre dans la dernière partie
du récit celle-ci s’accélère mais pour déboucher sur un final
qui est trop abrupt.
Un
univers inventif, particulier, sombre qui aurait mérité plus de
soin de la part de l'auteur dans le développement de l'intrigue, une
dynamique en dents de scie, Les Chroniques des Crépusculaires
s'avèrent tout de même être une très bonne fantasy française .
Plus de soin en aurait fait un incontournable du genre.
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