Lecture dans le cadre du challenge :
Le
monde dans lequel vit Jonas est bien éloigné du nôtre : une
société où la notion d'individu n'existe pas. Plus surprenant
encore : ses membres ne ressentent rien. Ni amour ni haine
viennent bousculer leur quotidien. Les gens ne meurent pas non plus.
Ils sont "élargis". Tout comme le héros de cette histoire
– un garçon de douze ans – le jeune lecteur brûlera de savoir
ce qui se cache derrière ce terme si obscur. Mêlant science-fiction
et philosophie, Lois Lowry signe un roman envoûtant d'une incroyable
densité. Dans un style très particulier, où les genres cohabitent,
cet ouvrage étonnera par la réflexion profonde, intelligente et
sensible qu'il nous livre sur nos semblables
Ayant
lu plusieurs bonnes critiques d'un film intitulé The Giver sorti à
l'automne dernier je désirais en avoir une idée plus large et c'est
tout naturellement que j'ai opté pour ce roman dans le cadre du
Challenge de L'écran au Livre.
Dans
ce court roman, juste un peu plus de deux cents pages, l'auteure nous
décrit un monde idéal (ou presque) pas de télés, de livres,
d'informatique, des bébés nés de mères porteuses et attribués à
des couples accouplés par affinités, pas de pollution car pas de
voitures, pas d'argent, pas de disputes car l'on ne parle que de ses
émotions de la journée ou des rêves de ses nuits. Un monde où
tout est contrôlé, nivelé à la perfection, programmé, où il ne
pleut jamais, où le soleil ne brûle pas, où on ne connaît pas le
froid, l’excès de chaleur, la faim... Un monde un peu insipide,
un monde fait d'uniformité, un monde où règne l'Identique, une
construction humaine qui gomme toutes les aspérités qui rendent la
vie si difficile... mais qui peut être en assure le charme.
Le
jeune protagoniste principal doit lors de la cérémonie de ses douze
ans se voir attribué son futur rôle dans la société, mais
contrairement à la plupart des enfants il ne sait pas ce qu'il veut,
tant pis on va décider pour lui... Jonas
est destiné à un sort très particulier. Il va faire connaissance
du Passeur et sa vie va basculer.
Bien entendu, ce
monde idyllique - où la douleur et la mort n'existent pas, ou
l'absence de choix constitue le bienfait ultime, ou la surveillance
permanente et bienveillante de la communauté est perçue comme
rassurante plutôt qu'oppressante - va s'écrouler sous les yeux de
Jonas ainsi que ceux, fascinés et horrifiés, du lecteur...
Sous
l'égide de son mentor, Dépositaire de la Mémoire, petit à petit
le jeune adolescent va, dans le cadre de ses nouvelles attributions,
découvrir qu'il en est tout autre
de la vie.
A
partir de là la tonalité du livre change, glisse peu à peu vers un
cauchemar éveillé, l'auteur entraîne le lecteur dans une
atmosphère inquiétante, dérangeante mais sans rien de choquant,
sans violence, tout en douceur, car le livre est destiné à un jeune
public.
Durant
une année, le jeune adolescent découvre le monde tel qu'il l'était
avant le grand changement, de ce qui faisait le propre de l'homme
dans la vie quotidienne des générations plus tôt. Le héros se
rend alors compte de la société aseptisée dans laquelle il vit, à
la fois aliénante, dépourvue de vie et il va refuser cette vie en
décidant d'exercer la liberté dont il a longtemps été privé.
Les
points forts de ce roman, sont d'une part les thématiques fortes que
l'auteur proposent. Des thématiques qui sont toujours d'actualité
telles que l'aide aux personnes âgées, au respect d'autrui..., en
proposant des solutions qui présentent au premier abord de très
bons cotés mais qui font frémir le lecteur.
Et
d'autre part l'éveil en douceur de la conscience du jeune
protagoniste à la réalité, lui qui croyait vivre dans un monde
idéal.
Dans
une histoire magistrale, à l'écriture fluide et à l'ambiance
étonnante, l'auteure nous fait l'apologie de la vie, de la liberté,
du savoir. Le Passeur est un concentré d'imagination, un récit
intemporel qui nous fait réfléchir sur notre société actuelle et
le monde dans lequel nous vivons.
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