Tout
en haut du Plateau, le vent pouvait rendre fou.
On avait choisi
d’y construire un asile. L’Orme : une grande bâtisse lugubre,
battue par les vents et la neige. Même les bombardements de 44
n'avaient pu en venir à bout. À croire qu’il échappait à toute
influence humaine.
Et des morts étranges, violentes, il y en
avait toujours eu et il y en aurait encore, là-haut. D’ordinaire,
personne ne venait s’en mêler. Ni la gendarmerie du Village, ni
les réducteurs de tête de Paris.
Si on avait écouté les fous
enfermés derrière les murs de l’Orme, on y aurait peut-être vu
l’ouvre d’un monstre. Mais les fous, ça ne s’écoute pas, ça
se traite. Ce que le psycho-chirurgien à la tête des affaires
médicales de l’établissement sait faire d’une main de fer. À
l’abri des regards. À condition de parvenir à se débarrasser
définitivement de cette trop curieuse disciple de Lacan venue
fouiner dans les dossiers de ses malades.
Un matin à L'Orme, un hôpital psychiatrique situé sur un plateau désertique du Berry, le corps d'un jeune patient est découvert à l'extérieur alors que les portes sont fermées pour la nuit. La jeune victime à le corps criblé de morsures et le visage figé dans la terreur. Le commandant Durieux chargé de l'enquête n'a aucune piste.
Le lendemain, alors que le directeur attend la visite du célèbre Professeur Lacan, c'est une de ses élèves qui débarque. En réalité Lucie Klein n'est pas une élève du Professeur mais l'une de ses patientes souffrant du même syndrome que la patiente signalée à L'Orme. Mais plus le temps passe, plus Lucie va se rendre compte que d'étranges phénomènes se passent à L'Orme, elle décide de mener l'enquête aidée par le pharmacien de l’hôpital.
Avec ce roman l'auteur nous entraîne dans une intrigue qui va crescendo du psychologique à l'horreur.
Le point fort du roman c'est l'ambiance, qui au départ assez étrange, et c'est normal dans un tel milieu, va se muer en événements bizarres pour se terminer sur un danger inimaginable au départ du récit.
Le roman au départ est un peu lent mais c'est voulu, et il va prendre ensuite un rythme de croisière faisant monter au fil des chapitres la tension avec de nombreuses révélations et de nombreux rebondissements. Dans le dernière partie malheureusement les révélations s’avèrent trop nombreuses et parfois un peu confuses : le lecteur a du mal à suivre.
La toile de fond, à savoir un hôpital psychiatrique construit à la fin du dix-neuvième siècle, et qui n'a plus le fonctionnement d'antan avec un nombre de patients plus réduit et une équipe encadrante des plus restreinte, est idéale pour ce genre de roman.
Le personnage de Lucie Klein se révèle à la fois atypique et étrange dans son comportement. L'auteur nous dévoile petit à petit sa personnalité et les mystères qui entourent son passé, et le lecteur n'a aucun mal à s'attacher au personnage qui cherche à découvrir sa propre vérité. Les autres personnages sont tous aussi bien dépeints.
La plume de l'auteur est efficace, travaillée et se révèle très cinématographique. Chapitre chapitre est dévolu plus particulièrement à un personnage ce qui permet le point de vue de chacun d'eux, et de partager ainsi leurs émotions.
Les Yeux est un thriller sombre et glauque où l'auteur manipule le lecteur du début à la fin de l'histoire. Il est toutefois dommage que l'enquête du policier, au départ du roman, soit totalement écartée.
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