lundi 27 février 2017

Sénéchal de Grégory Da Rosa


Lecture dans le cadre des challenges ;


 



« Sénéchal, la ville est assiégée ! »

Telle est la phrase que l’on m’a jetée sur le coin de la goule. Depuis, tout part à vau-l’eau. Oui, tout, alors que ce siège pourrait se dérouler selon les lois de la guerre, selon la noblesse de nos rangs, selon la piété de nos âmes. Nenni.

Lysimaque, la Ville aux Fleurs, fière capitale du royaume de Méronne, est encerclée et menacée par une mystérieuse armée. Et pour le sénéchal Philippe Gardeval, ce n’est que le début des ennuis. Suite à l’empoisonnement d’un dignitaire de la cité, il découvre que l’ennemi est déjà infiltré au sein de la cour, dans leurs propres rangs ! Sous quels traits se cache le félon ? Parmi les puissants, les ambitieux et les adversaires politiques ne manquent pas ; le sénéchal devra alors faire preuve d’ingéniosité pour défendre la ville et sa vie dans ce contexte étouffant d’intrigues de palais. 


Avant de commencer à parler du livre en lui même il est utile de préciser que le présent roman est le premier tome d'une série et non d'un one-shot comme le laisser à penser la présentation, ce qui est clairement duper l'éventuel acheteur. De surcroît la maison d'édition ne tarit pas d'éloges sur son jeune talent créant chez le lecteur un certain enthousiasme chez le lecteur qui sera forcément déçu si le roman n'est pas à la hauteur de ses attentes. Et comme c'est bien souvent le cas avec des romans trop mis en avant cela se confirme ici une fois de plus.

Avec une telle couverture et la première phrase de la quatrième de couverture l'on s'attend à une fantasy épique un peu dans le style de Miles Cameron, et là première désillusion : dès le début du récit on est à l'inverse plongé dans une fantasy intimiste rédigée sous forme de journal. On s'attendait en effet à assister d'une part à suivre les préparatifs de défense, d'autre part de ceux de l'adversaire. Mais que nenni, dans les premiers chapitres on assiste à une petite guéguerre de territoire entre deux des protagonistes principaux qui va malheureusement se poursuivre par la suite, c'est affligeant on a la nette impression d'assister à la scène où deux mâles lèvent la patte pour marquer leur territoire.

Quand au postulat de départ s'il prend un peu d'ampleur suites aux tentatives d'assassinats, il s'avère des plus basiques avec une guerre entre deux belligérants, motivée par une Église toute puissante. On a une fois de plus l'impression de revivre les faits et méfaits de l’Église Catholique Romaine qui voulait imposer par la force sa religion, n'en est pour preuve la muraille qui sépare l'un des pays antagonistes d'un territoire où vivent des démons. Une thématique qui n'est pas sans rappeler le mur d'Hadrien, et largement éculée depuis Georges R R Martin.

Il n'est pas difficile avec les titres des chapitres de s'apercevoir très rapidement que l'auteur va nous propulser dans un sempiternel univers médiéviste. Dès le début du récit, en même temps qu'il nous dépeint les différents protagonistes qui entourent le roi, l'auteur nous présente de manière laconique une partie des royaumes composant son monde géographique et leurs dirigeants. Mais là encore l'on n'a même pas daigné nous doter d'une carte pour les visualiser, et de plus on ne dispose pas d'indication par rapport aux points cardinaux pour les situer les uns aux autres. Il serait facile de rétorquer que cela n'est point nécessaire car l'intégralité du récit se déroule intra-muros dans la cité assiégée, alors pourquoi ne pas sans être tenu aux royaumes des belligérants. L'univers s'avère certes prometteur, mais encore faudra-t-il sortir de la cité car pour ce que l'on pu en découvrir il ne présente rien de bien original.

Pour son récit l'auteur a choisi le format Journal. Et qui dit Journal dit implicitement un seul narrateur ce qui donne au lecteur une vision limitée au seul ressenti du protagoniste principal, mais aussi une vision restreinte des faits et événements qui se déroulent puisque l'on n'assiste qu'à de qui se passe dans l'entourage immédiat du roi. Du siège mis devant la cité, l'on ne sait absolument pas ce que ressentent les habitants de la ville, les soldats qui se préparent au combat, les préparatifs,... L'on ne sait rien de ce qui se passe dans le camp adverse, les antagonistes nous ont été brièvement présenté, ceci de manière manichéenne, mais qu'en est-il réellement ?

Le style d'écriture à consonance très médiévale donne certes beaucoup de profondeur à l'univers, le phrasé très imagé, à grands renforts de métaphores, s'avère intéressant notamment dans les inter-actions verbales entre les différents personnages, Mais... dans la première partie ils sont parfois tous deux par trop présents : les notes de bas de pages se succèdent et ne sont peut être pas toutes utiles ; le langage imagé sont à certains moments bien placées, mais elles donnent de la lourdeur - proche du ton ampoulé - au récit quand elles s’insèrent entre des parties descriptives un peu longues, ou mêmes lorsqu'elles sont trop longues.

La deuxième partie du récit s'avère plus dynamique, avec moins de descriptions, des événements qui se précipitent, l'intrigue se développe enfin et l'on assiste à un combat entre magie et nécromancie réglé de très belle manière, très visuel tant sur le plan action que sur le plan émotions. Ce passage donne au récit une petite touche Dark-fantasy qui ne demande qu'à se développer par la suite.

En revanche, la troisième partie se révèle pesante avec les échanges entre le Sénéchal et le Confesseur du Roi. L'on revient sur les introspections du premier qui étaient peut être une petit peu trop nombreuses précédemment et aussi un peu trop répétitives. A cela s'ajoute une très longue diatribe sur le bien fondé d'une guerre de religion. Une dernière partie partie qui donne un air de déjà lu à l'histoire et une approche un peu trop manuel d'histoire  : il y a beaucoup trop d'analogies entre l’Église de Syncrésie et l’Église Catholique Romaine, le don du sacrifice pour sauver les autres du Mal, le bien fondé de cette guerre pour que le Bien puisse dominer dans le monde, les morts que la guerre génère des dommages collatéraux,... Ona l'impression très nette que l'auteur à réadapter à sa manière des faits avérés de l'histoire dune manière un peu trop évidente.

Certains personnages révèlent un beau potentiel pour la suite, même si l'on n'est pas convaincu du personnage principal trop geignard sur sa vie. L'on espère que des personnages dit de second plan seront plus présents par la suite. Que les relations entre les différents personnages seront plus développées avec le final de ce tome qui offre de nouvelles perspectives et que les dialogues seront toujours aussi savoureux.

Un premier tome qui a du potentiel, l'univers doit s'affranchir du huis-clos, le récit doit être centré sur plusieurs personnages et non sur un seul, les descriptions doivent être mieux dosées, par petites touches,... L'on est dans un premier roman et cela s'en ressent un peu trop, les maladresses sont nombreuses, certaines laissées de côté dans cet avis. On est très mitigé et il faudra que les chroniques d'autres bloggeurs soient plus positives pour que l'on opte de lire la suite.







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