lundi 26 janvier 2015

Le passeur - Loïs Lowry


Lecture dans le cadre du challenge :




Le monde dans lequel vit Jonas est bien éloigné du nôtre : une société où la notion d'individu n'existe pas. Plus surprenant encore : ses membres ne ressentent rien. Ni amour ni haine viennent bousculer leur quotidien. Les gens ne meurent pas non plus. Ils sont "élargis". Tout comme le héros de cette histoire – un garçon de douze ans – le jeune lecteur brûlera de savoir ce qui se cache derrière ce terme si obscur. Mêlant science-fiction et philosophie, Lois Lowry signe un roman envoûtant d'une incroyable densité. Dans un style très particulier, où les genres cohabitent, cet ouvrage étonnera par la réflexion profonde, intelligente et sensible qu'il nous livre sur nos semblables


Ayant lu plusieurs bonnes critiques d'un film intitulé The Giver sorti à l'automne dernier je désirais en avoir une idée plus large et c'est tout naturellement que j'ai opté pour ce roman dans le cadre du Challenge de L'écran au Livre.

Dans ce court roman, juste un peu plus de deux cents pages, l'auteure nous décrit un monde idéal (ou presque) pas de télés, de livres, d'informatique, des bébés nés de mères porteuses et attribués à des couples accouplés par affinités, pas de pollution car pas de voitures, pas d'argent, pas de disputes car l'on ne parle que de ses émotions de la journée ou des rêves de ses nuits. Un monde où tout est contrôlé, nivelé à la perfection, programmé, où il ne pleut jamais, où le soleil ne brûle pas, où on ne connaît pas le froid, l’excès de chaleur, la faim... Un monde un peu insipide, un monde fait d'uniformité, un monde où règne l'Identique, une construction humaine qui gomme toutes les aspérités qui rendent la vie si difficile... mais qui peut être en assure le charme.


Le jeune protagoniste principal doit lors de la cérémonie de ses douze ans se voir attribué son futur rôle dans la société, mais contrairement à la plupart des enfants il ne sait pas ce qu'il veut, tant pis on va décider pour lui... Jonas est destiné à un sort très particulier. Il va faire connaissance du Passeur et sa vie va basculer.


Bien entendu, ce monde idyllique - où la douleur et la mort n'existent pas, ou l'absence de choix constitue le bienfait ultime, ou la surveillance permanente et bienveillante de la communauté est perçue comme rassurante plutôt qu'oppressante - va s'écrouler sous les yeux de Jonas ainsi que ceux, fascinés et horrifiés, du lecteur...

Sous l'égide de son mentor, Dépositaire de la Mémoire, petit à petit le jeune adolescent va, dans le cadre de ses nouvelles attributions, découvrir qu'il en est tout autre de la vie.

A partir de là la tonalité du livre change, glisse peu à peu vers un cauchemar éveillé, l'auteur entraîne le lecteur dans une atmosphère inquiétante, dérangeante mais sans rien de choquant, sans violence, tout en douceur, car le livre est destiné à un jeune public.

Durant une année, le jeune adolescent découvre le monde tel qu'il l'était avant le grand changement, de ce qui faisait le propre de l'homme dans la vie quotidienne des générations plus tôt. Le héros se rend alors compte de la société aseptisée dans laquelle il vit, à la fois aliénante, dépourvue de vie et il va refuser cette vie en décidant d'exercer la liberté dont il a longtemps été privé.


Les points forts de ce roman, sont d'une part les thématiques fortes que l'auteur proposent. Des thématiques qui sont toujours d'actualité telles que l'aide aux personnes âgées, au respect d'autrui..., en proposant des solutions qui présentent au premier abord de très bons cotés mais qui font frémir le lecteur.

Et d'autre part l'éveil en douceur de la conscience du jeune protagoniste à la réalité, lui qui croyait vivre dans un monde idéal.

Dans une histoire magistrale, à l'écriture fluide et à l'ambiance étonnante, l'auteure nous fait l'apologie de la vie, de la liberté, du savoir. Le Passeur est un concentré d'imagination, un récit intemporel qui nous fait réfléchir sur notre société actuelle et le monde dans lequel nous vivons.



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