mercredi 2 octobre 2019

Liquidations à la grecque de Petros Markaris



Athènes. On retrouve plusieurs personnalités du monde de la finance décapitées, tandis que des tracts inondent la ville, appelant les clients des banques à ne plus rembourser leurs emprunts. Le commissaire Charitos mène l'enquête une fois de plus, affrontant quelques redoutables personnages (dont certains de ses collègues), les éternels embouteillages d'Athènes et la crise qui ravage le pays. La patience et l'humanité de ce Maigret hellène le mèneront jusqu'à un bien étrange assassin, tout en faisant découvrir au lecteur une Grèce criante de vérité, décrite avec une ironie mêlée de tendresse.



Des banquiers et hommes d'affaire travaillant dans le milieu de la finance sont retrouvés décapités, sur leurs corps est épinglée une feuille A4 portant en grand format la lettre D. Au vu des difficultés financières des citoyens grecques ces meurtres prennent une dimension toute particulière. L'un des commissaires voit en ces meurtres un acte terroriste surtout que des étrangers sont également visés. Mais le commissaire Charitos, encouragé par son supérieur direct, n'y croit pas et il va mener une enquête parallèle qui va l'amener au fil de découvertes d'indices de surprises en surprises. Le meurtrier ne se cantonne pas qu'aux meurtres la ville est inondée de tracts en appelant les gens à ne plus remboursez leurs emprunts.

Ce roman est le premier d'une trilogie qui met en avant la crise économique de 2008 qu'a vécu la Grèce. Les enquêtes son indépendantes au sein de la série, mais ces trois romans se déroulent sur fond de crise qui impacte le peuple Grec: la population souffre, les salaires et pensions sont réduits, l'âge de la retraite est rehaussé, les faillites sont fréquentes et certains se suicident. Les manifestations et les grèves paralysent le trafic dans les rues d'Athénes. Le lecteur est plongé dans une ambiance réaliste qui lui permet de découvrir la vie au jour le jour que vit la population car le récit se déroule deux ans après le fiasco financier.

Les descriptions de la ville, de la vie familiale du commissaire, du cadre socio-politique occupent certes une place importante dans le roman, mais l'intrigue tout ce qu'il y a de classique est bien ficelée et plaisante. Le commissaire, un peu dépassé par les notions d'informatique et d'économie avance à petits avec parfois des ratés. Ici l'enquête passe presque au deuxième plan car elle est prétexte à décrire, sous couvert d'un humour cynique, les nombreuses dérives à l'origine de la crise. Il est assez facile d'identifier le coupable car à plusieurs endroits du roman l'auteur nous distille de gros indices.

Le commissaire ne traîne pas de casseroles, n'est pas alcoolique au passé difficile mais un homme simple qui jongle entre sa vie de famille : les bons mots de sa femme qui ajoute une touche d'humour au récitet les difficultés financières de sa fille qui débute dans la vie active et une enquête où il se sent parfois une peu dépassé par les événements évoluant dans un milieu qu'il ne maîtrise pas. Les personnages secondaires sont aussi plaisants à suivre, ils ne s’apitoient pas sur leur sort, s'en amusent même parfois mi-amers mi-caustiques

L'écriture est simple, assez directe est convient parfaitement à ce type de récit. On apprécie les échanges verbaux entre les différents protagonistes qui se révèlent à certains moments drôles et apportent ainsi une légèreté au récit malgré une atmosphère plutôt sombre.

Un suspense maîtrisé, un panorama d'une Grèce en crise mâtiné d'humour, des personnages attachants permettent au lecteur de passer un bon moment de lecture.



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