Athènes.
On retrouve plusieurs personnalités du monde de la finance
décapitées, tandis que des tracts inondent la ville, appelant les
clients des banques à ne plus rembourser leurs emprunts. Le
commissaire Charitos mène l'enquête une fois de plus, affrontant
quelques redoutables personnages (dont certains de ses collègues),
les éternels embouteillages d'Athènes et la crise qui ravage le
pays. La patience et l'humanité de ce Maigret hellène le mèneront
jusqu'à un bien étrange assassin, tout en faisant découvrir au
lecteur une Grèce criante de vérité, décrite avec une ironie
mêlée de tendresse.
Des
banquiers et hommes d'affaire travaillant dans le milieu de la
finance sont retrouvés décapités, sur leurs corps est épinglée
une feuille A4 portant en grand format la lettre D. Au vu des
difficultés financières des citoyens grecques ces meurtres prennent
une dimension toute particulière. L'un des commissaires voit en ces
meurtres un acte terroriste surtout que des étrangers sont également
visés. Mais le commissaire Charitos, encouragé par son supérieur
direct, n'y croit pas et il va mener une enquête parallèle qui va
l'amener au fil de découvertes d'indices de surprises en surprises.
Le meurtrier ne se cantonne pas qu'aux meurtres la ville est inondée
de tracts en appelant les gens à ne plus remboursez leurs emprunts.
Ce
roman est le premier d'une trilogie qui met en avant la crise
économique de 2008 qu'a vécu la Grèce. Les enquêtes son
indépendantes au sein de la série, mais ces trois romans se
déroulent sur fond de crise qui impacte le peuple Grec: la
population souffre, les salaires et pensions sont réduits, l'âge de
la retraite est rehaussé, les faillites sont fréquentes et certains
se suicident. Les manifestations et les grèves paralysent le trafic
dans les rues d'Athénes. Le lecteur est plongé dans une ambiance
réaliste qui lui permet de découvrir la vie au jour le jour que
vit la population car le récit se déroule deux ans après le fiasco
financier.
Les
descriptions de la ville, de la vie familiale du commissaire, du
cadre socio-politique occupent certes une place importante dans le
roman, mais l'intrigue tout ce qu'il y a de classique est bien
ficelée et plaisante. Le commissaire, un peu dépassé par les
notions d'informatique et d'économie avance à petits avec parfois
des ratés. Ici l'enquête passe presque au deuxième plan car elle
est prétexte à décrire, sous couvert d'un humour cynique, les
nombreuses dérives à l'origine de la crise. Il est assez facile
d'identifier le coupable car à plusieurs endroits du roman l'auteur
nous distille de gros indices.
Le
commissaire ne traîne pas de casseroles, n'est pas alcoolique au
passé difficile mais un homme simple qui jongle entre sa vie de
famille : les bons mots de sa femme qui ajoute une touche
d'humour au récitet les difficultés financières de sa fille qui
débute dans la vie active et une enquête où il se sent parfois une
peu dépassé par les événements évoluant dans un milieu qu'il ne
maîtrise pas. Les personnages secondaires sont aussi plaisants à
suivre, ils ne s’apitoient pas sur leur sort, s'en amusent même
parfois mi-amers mi-caustiques
L'écriture
est simple, assez directe est convient parfaitement à ce type de
récit. On apprécie les échanges verbaux entre les différents
protagonistes qui se révèlent à certains moments drôles et
apportent ainsi une légèreté au récit malgré une atmosphère
plutôt sombre.
Un
suspense maîtrisé, un panorama d'une Grèce en crise mâtiné
d'humour, des personnages attachants permettent au lecteur de passer
un bon moment de lecture.
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