En
plein hiver de l'an de grâce 1345, à cinq jours des ides de
janvier, je fis un songe hallucinant de vérité : j'entrevis une fée
d'une beauté inoubliable, la gente Isabeau de Guirande. Avec une
fougue très juvénile, je décidai incontinent de partir à la
recherche de cette chimère, convaincu de son existence en ce monde.
Ma vie basculera ce jour-là. Je venais de soulever le couvercle de
la boîte de Pandore. Sans le savoir. Sans le vouloir. En ma qualité
de simple écuyer de messire Fulbert Pons, premier baron du
Pierregord, je résidais en la forteresse de Beynac qui surplombe la
belle rivière Dourdonne. Le service que je devais au baron et aux
chevaliers de sa suite m'obligea jusqu'en l'île d'Aphrodite, Chypre,
où je dus escorter Foulques de Montfort parti à la recherche d'un
fabuleux trésor. Dans mon immense naïveté, je rêvais d'amour, de
courtoisie, de bravoure et d'esprit chevaleresque. Ma quête se
heurta à une conspiration du silence. Le chemin était semé de
moult embûches. Son parcours jalonné de félonie, de crimes, de
traitrise et de sang ! Le sang de pauvres ou de nobles gens lâchement
occis. Or donc, si vous avez le cœur solidement accroché, suivez-moi. Vivez folles aventures, combats sanglants, humour,
érotisme et amour courtois, attaque de pirates barbaresques et
terrible ordalie.
Avec
ce premier tome de la tétralogie l'auteur nous entraîne en
Aquitaine dans les pas de Brachet de Born, un écuyer qui se voit
accuser d'un crime horrible qui l'oblige à s'exiler en Orient et se
retrouvé entraîné dans une suite de péripéties.
La
toile de fond est brossée puisque l'on n'est pas en terrain inconnu
mais en pays d'Oc en pleine guerre de cent ans. Un univers moyenâgeux
riche dans lequel nous entraîne l'auteur en employant d'anciennes
tournures de phrases du vieux français. Malgré l'emploi de ces
vieux mots, qui font toute l’ambiance du récit, l'auteur parvient
tout de même à nous offrir une lecture fluide et légère. C'est
donc le point fort du roman où l'auteur mélange avec poésie tout
en la francisant la langue des troubadours.
Avec
pour postulat de départ une machination, l'histoire se révèle
assez classique du genre notamment avec une quête pour fil
conducteur. Mais l'auteur a su avec subtilité mêler fiction et
histoire en nous entraînant en Terre Sainte pour nous faire partager
le quotidien, les mœurs et les croyances de l'époque. Une époque
rude où en général pour protéger sa vie il valait mieux être
adroit à l'épée. A la sauvagerie de certains des personnages,
l'auteur y oppose la délicatesse des sentiments humains. En effet le
héros est écartelé par l'amour, le devoir de sa charge et la quête
d'un idéal concrétisé ici par la recherche d'un trésor qui
l'entraîne, sous fond de légendes et de mythes, dans une succession
d'intrigues et de complots.
L'auteur
à mêler au récit historique et à la thématique courtoise, des
codes hérités du thriller, les chapitres se terminant sur des fins
ouvertes pour créer artificiellement du suspense, mais le style
n'étant pas totalement maîtrisé, cette manière de procéder se
révèle à la lecture une peu dérangeante. Un rythme de lecture,
qui bien qu'agrémenté de récits de batailles et notamment de la
chute de Saint Jean d'Acre se révèle plutôt lent.
Si
l'histoire se veut intéressante, avec comme toile de fond la
septième croisade et des personnages bien campés, réalistes
certains points auraient du être plus travaillés et l'auteur aurait
du s'en tenir au côté roman historique sans vouloir y adjoindre de
pointe thriller qui gâche quelque peu la lecture.
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