samedi 18 juin 2016

La danse du loup, Hugues de Queyssac




En plein hiver de l'an de grâce 1345, à cinq jours des ides de janvier, je fis un songe hallucinant de vérité : j'entrevis une fée d'une beauté inoubliable, la gente Isabeau de Guirande. Avec une fougue très juvénile, je décidai incontinent de partir à la recherche de cette chimère, convaincu de son existence en ce monde. Ma vie basculera ce jour-là. Je venais de soulever le couvercle de la boîte de Pandore. Sans le savoir. Sans le vouloir. En ma qualité de simple écuyer de messire Fulbert Pons, premier baron du Pierregord, je résidais en la forteresse de Beynac qui surplombe la belle rivière Dourdonne. Le service que je devais au baron et aux chevaliers de sa suite m'obligea jusqu'en l'île d'Aphrodite, Chypre, où je dus escorter Foulques de Montfort parti à la recherche d'un fabuleux trésor. Dans mon immense naïveté, je rêvais d'amour, de courtoisie, de bravoure et d'esprit chevaleresque. Ma quête se heurta à une conspiration du silence. Le chemin était semé de moult embûches. Son parcours jalonné de félonie, de crimes, de traitrise et de sang ! Le sang de pauvres ou de nobles gens lâchement occis. Or donc, si vous avez le cœur solidement accroché, suivez-moi. Vivez folles aventures, combats sanglants, humour, érotisme et amour courtois, attaque de pirates barbaresques et terrible ordalie.


Avec ce premier tome de la tétralogie l'auteur nous entraîne en Aquitaine dans les pas de Brachet de Born, un écuyer qui se voit accuser d'un crime horrible qui l'oblige à s'exiler en Orient et se retrouvé entraîné dans une suite de péripéties.

La toile de fond est brossée puisque l'on n'est pas en terrain inconnu mais en pays d'Oc en pleine guerre de cent ans. Un univers moyenâgeux riche dans lequel nous entraîne l'auteur en employant d'anciennes tournures de phrases du vieux français. Malgré l'emploi de ces vieux mots, qui font toute l’ambiance du récit, l'auteur parvient tout de même à nous offrir une lecture fluide et légère. C'est donc le point fort du roman où l'auteur mélange avec poésie tout en la francisant la langue des troubadours.

Avec pour postulat de départ une machination, l'histoire se révèle assez classique du genre notamment avec une quête pour fil conducteur. Mais l'auteur a su avec subtilité mêler fiction et histoire en nous entraînant en Terre Sainte pour nous faire partager le quotidien, les mœurs et les croyances de l'époque. Une époque rude où en général pour protéger sa vie il valait mieux être adroit à l'épée. A la sauvagerie de certains des personnages, l'auteur y oppose la délicatesse des sentiments humains. En effet le héros est écartelé par l'amour, le devoir de sa charge et la quête d'un idéal concrétisé ici par la recherche d'un trésor qui l'entraîne, sous fond de légendes et de mythes, dans une succession d'intrigues et de complots.

L'auteur à mêler au récit historique et à la thématique courtoise, des codes hérités du thriller, les chapitres se terminant sur des fins ouvertes pour créer artificiellement du suspense, mais le style n'étant pas totalement maîtrisé, cette manière de procéder se révèle à la lecture une peu dérangeante. Un rythme de lecture, qui bien qu'agrémenté de récits de batailles et notamment de la chute de Saint Jean d'Acre se révèle plutôt lent.

Si l'histoire se veut intéressante, avec comme toile de fond la septième croisade et des personnages bien campés, réalistes certains points auraient du être plus travaillés et l'auteur aurait du s'en tenir au côté roman historique sans vouloir y adjoindre de pointe thriller qui gâche quelque peu la lecture.




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