mardi 10 juillet 2018

Masky de Viviane Etrivert


Lecture dans le cadre du challenge :




An de grâce 1599. Renaissance tardive.
Au carrefour des influences slaves et germaniques, alors que les guerres de Religion persistent à déchirer l'Europe, la Moravie conserve ses traditions d'un autre âge et sa mémoire païenne, dans une paix fragile.
Mais là où les femmes se rassemblent pour se transmettre le vieux savoir, au travers de gestes immuables, certains hommes ont beau jeu de parler de sorcellerie et de brandir un terrible ouvrage : le Malleus maleficarum.
Noël approche. À Ostrov, on se marie. Dans les rues de Velky, les barbora distribuent des cadeaux et la troupe des loups-garous, bruyante et paillarde, fait charivari.
Neige et tempête. Dans les bois, près du Rocher de l'Ourse, rôde un inquiétant loup gris à trois pattes. Et un moine étrange va et vient, demandant aux passants pétrifiés si son hurepiau lui sied bien.
La fête peut-elle se poursuivre, quand des crimes se commettent dans l'ombre ? Et que faire, quand la Justice tombe soudain entre les mains d'un sinistre individu ?
D'abord, répondre à la question que tous se posent : qui a tué le juge Michna ? 



Alors qu'il s'en revient des noces de Marie avec le marchand Vaclav Vanek, le juge Michna est attaqué sur la route par ce qui semble être un revenant. Découvert par le médecin français Jean Bonhomme il décédera quelques jours plus tard. Un nouveau juge arrive, chassé quelques années auparavant pour avoir puisé dans les caisses de la ville, il est bien décidé, sous couvert de chasse aux sorcières à se venger. Il est accompagné par un frère inquisiteur et par son propre bourreau. Malgré le danger, Léna, la mère de Vaclav et prêtresse de la Dame se refuse à cesser la pratique des anciens rituels.

Pour écrire ce roman où le folklore tchèque et slave occupe une place primordiale, l'auteure a effectué de longues recherches se rendant même en Moravie où elle ses longuement documenté sur ce sujet, mais aussi sur les us et coutumes de l'époque et sur les procès en sorcellerie. Dans le développement de son récit elle fait également mention de livres anciens sur lesquels elle s'est appuyé pour donner une histoire riche en détails.

La part de surnaturel se veut légère et s’imbrique de matière naturelle dans le folklore qui est évoqué avec beaucoup de force. L'époque à laquelle se déroule l'histoire, à savoir la période de Noël, ajoute elle aussi sa part de féerie.

Les phénomènes étranges se multiplient, ce qui donne aux juges toute latitude de poursuivre sa chasse aux sorcières aidé par certaines rumeurs et dénonciations. L’auteure nous apprend même qu'il existe un ouvrage, écrit par un moine, détaillant de manière précise et aussi très farfelue, les indices permettant d'identifier une sorcière ou d’incriminer un innocent. Les scènes de tortures sont décrites de manière plutôt sobre.



Le panel de personnages est très diversifié allant de l'aubergiste à la prêtresse ; et tous ont dans le récit un rôle a jouer même s'il est minime. Des personnages très bien dépeints et l'on n'a aucun mal à s'attacher aux protagonistes de premier plan ou à les détester.

L'auteure conduit son récit de main de maître, tous les ingrédients sont dosés de manière à mettre en exergue les thématiques qu'elle avance : la tolérance, le rejet des institutions corrompues, la haine, la violence,... et en opposition la féerie des rites et processions païennes.

La plume de l'auteure est agréable à lire. L'univers est intéressant , le mots slaves intégrés au récit et traduits en bas de page permet au lecteur de mieux s'intégrer s'y intégrer. L'intrigue qui passe presque au second plan est bien menée et attise la curiosité du lecteur qui soupçonne tout le monde. Le dénouement arrive un peu trop vite, trop facilement et de manière impromptue.

Masky est une lecture agréable qui permet de passer un bon moment et approfondir les connaissances sur l'histoire, l’inquisition, le folklore, les us et coutumes de l'époque.



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