"Perro"
(le chien) Lascano est officier de police à Buenos Aires. C'est un
policier intègre, position difficile à tenir dans l'Argentine de la
dictature. Profondément affecté par la mort de sa femme, il se
réfugie dans le travail. Un matin, il est envoyé près du
Riachuelo, où trois cadavres ont été signalés : un jeune homme et
une jeune femme dont les crânes ont explosé sous l'impact des
balles, marque caractéristique des méthodes "d'exécution"
des militaires. L'autre corps présente un aspect sensiblement
différent ; il s'agit d'un homme bedonnant, d'âge mûr, dont la
tête est intacte. Une tache de sang dessine une fleur sur sa
chemise. Comme le dit Fuseli, le médecin légiste, "les morts
parlent à ceux qui savent les écouter". Lascano va s'efforcer
de faire parler ce troisième cadavre, mais ce ne sera pas chose
facile dans un pays où des hommes aigris et dangereux comme le major
Giribaldi font régner la terreur.
Un
matin, alors qu'il vient juste de quitter son domicile, le
commissaire Lascano est contacté par radio par le département de la
police : un camionneur a découvert deux cadavres. Alors qu'il
arrive à l'endroit indiqué il croise un véhicule qui quitte
précipitamment le chemin. Arrivé sur place, il constate qu'il n'y a
pas deux cadavres mais trois. Si deux des corps ont la tête éclatée
par balles signe d'une exécution par la junte militaire, le
troisième corps ne présente pas les mêmes caractéristiques, et de
plus il est encore sec alors que la pluie n'a cessé de tomber.
Dans
ce premier tome de la série, c'est plus le climat dans lequel
l'enquête va se dérouler qui est mis en avant que l'enquête elle
m^me car dés le début du roman le lecteur connaît rapidement ce
qui s'est passé. L'auteur nous dépeint une Argentine des années 70
sou dictature où les riches ou du moins ceux qui ont des appuis
peuvent tout ce permettre. C'est dans une ambiance très sombre où
les vols d'enfants, les exécutions sommaires des subversifs, les
communistes, sont journaliers, et que la junte militaire à tous les
droits que le lecteur va naviguer aux côtés du policier.
L'enquête
en elle même occupe peu de place, elle consiste uniquement en deux
ou trois interrogatoires de proches de la victime ou de ses clients.
Le policier a plus de soupçons que de preuves véritables. L'auteur
met surtout en avant les difficultés rencontrées par le policier
dans ce climat si particulier. Il nous dépeint également le
quotidien du policier, qui a perdu son épouse, en dehors de son
métier. Sa vie personnelle occupe peut être un tantinet importante
par rapport à l'enquête.
Les
personnages qu'ils soient sympathiques comme le commissaire ou bien
cupides ou corrompus l'auteur nous les dépeints riches en couleurs.
Le
style de l'auteur est sobre, et par moments il se veut poétique ce
qui a pour effet de le rehausser par rapport à la noirceur générale
qui s'en dégage. Par contre les dialogues sont écrits de manière
compacte, sans tirets lorsque l'on change d'interlocuteurs ce
occasionne des difficultés au lecteur pour comprendre qui parle.
Plus
qu'un policier l'auteur nous livre un très bon roman noir à la fois
sombre et cynique.
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