vendredi 10 mars 2017

L"impasse d'Estelle Tharreau


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Au cœur de Chanzy, ville minière en plein déclin, trois femmes, deux hommes et un enfant se partagent une cour baptisée "L'Impasse". Tous ne survivront pas à la haine qui les lie. Revenu sur les lieux de son enfance, le policier David Bertal suivra, au fil des vengeances et des trahisons, le chemin qui le conduira à affronter les acteurs de son passé. Mais, entre doutes et remords, parviendra-t-il à déchirer le voile noir qui entoure la vie et les secrets de ceux qu'il a aimés autrefois ?



Avant de passer à l'avis sur cette excellent découverte, je tiens à remercier tout l'équipe Livraddict et les éditions Taurnada de m'avoir fait découvrir une auteure que je ne connaissais pas.

En même temps que l'on découvre de manière très brève quelques uns des protagonistes principaux, l'auteur nous dresse le tableau du lieu où va se dérouler le futur drame. Une ruelle qui se termine par un terrain qui sert de parking à l'une des familles et de jardin à l'autre, et qui sépare les deux maisons. Pour ses habitants cette ruelle est simplement l'Impasse. Et rien ne peut échapper à l'une où l'autre des familles.

Puis l'auteure revient, tout en introduisant une ambiance nébuleuse, revient sur les deux familles diamétralement opposées dans l'échelle sociale. Pascal Pélissier est un industriel dont l'usine de pièces détachées fait vivre bons nombre de familles depuis la fermeture progressive des Houillères. Un homme de prime abord avenant en public, mais qui rudoie en coulisses sa mère Madeleine et humilie en permanence sa femme Caroline dépressive. Un manipulateur qui œuvre en douce pour arriver à ses fins, encore monter dans l'échelle sociale et embrasser une carrière politique. Nicolas Mazoyer, un manipulateur et dealer à ses heures à ses heures perdues, actuellement en permission du Service National, et qui vit avec Virginie sa concubine, au grand dam des parents de celle-ci, et avec son fils Benjamin qui ne parle pas, avec un regard d'adulte inquiétant, malsain, et qu'il humilie en permanence.

Un charmant tableau, avec des hommes bourrés de défauts, des femmes malheureuses et un enfant traumatisé. Mais ce tableau ne serait pas complet si l'on ne parlait pas de Florence, la secrétaire de direction de Pascal Pélissier. Dernière d'une famille de neufs enfants qui a eu une enfance malheureuse, qui a commencé sa carrière à la chaîne dans l'usine, aussi dingue, aussi retorse, aussi manipulatrice que son patron et comme lui prête à tout pour monter dans l'échelle sociale.

Puis arrive le drame, Nicolas Mazoyer est assassiné. Mais qui l'a tué ? Entre secrets de familles, dont un qui date de plusieurs décennies, trahisons, commérages, affaire politique, l'enquête s'annonce difficile pour David Bertal, un enfant du pays revenu très récemment à Chanzy après dix ans d'absence et sans avoir gardé le contact avec ses anciennes relations. Un policier torturé par sa récente séparation avec sa femme, elle aussi policière et sa fille, et qui a fuit le manque d'humanisme de la Capitale. Il va se retrouver confronté qu'il a connues dans son enfance, c'est très gêné qu'il va devoir interroger les témoins dont il connaît les travers, et des suspects qui donnent l'impression de se détester mais qui sont tous liés aux uns et aux autres par des petits secrets. Une enquête que ses supérieurs, suite à des pressions politiques, veulent orienter sur une autre piste, ce qui va déclencher dans les cité des émeutes qui vont encore venir renforcer l'ambiance qui devient de plus en plus pesante.


Le déroulement de l'enquête est menée de main de maître par l'auteur, presque à chaque chapitre l'on pense connaître le coupable, mais une nouvelle information, un nouveau mensonge, une nouvelle trahison vient changer la donne pour nous orienter sur une autre piste qui comme la précédente se révélera toute aussi étonnée. Et lorsque les recoupements d'indice, les changements de dépositions, une nouvelle trahison vont mettre la police sur les traces du coupable évident, son suicide va infirmer leurs présomptions et mettre fin à l'enquête.

Mais l'auteur n'en a pas finit avec les lecteurs, ni avec l'enquêteur principal, alors démissionnaire. Il va découvrir que le coupable n'est pas celui que tout le monde suspectait ; un plan machiavélique, étudié dans ses moindres détails, parfaitement huilé, tenant compte de tous les facteurs possible a été mis en place. Mais le vrai coupable est-il vraiment celui à qui il pense.

La plume de l'auteure est fluide et acérée. Le style simple et direct va droit à l'essentiel tout en appuyant sue les émotions des personnages sans sombrer dans le sentimentalisme. Le style associé a des phrases et des chapitres courts, ne dépassant quelquefois à peine deux pages donnent une excellente dynamique de lecture. Le choix de découper l'histoire en plusieurs parties renforce la tension.

Une intrigue recherchée, des personnages complets qui dans un sens ou l'autre ne laissent pas le lectorat indifférent, un suspense maintenu jusqu'à la toute dernière page, … tout est presque parfait sauf cette habitude chez les auteurs de nous servit des policiers qui font cliché.
Une lecture à la fois addictive et divertissante qui donne envie de suivre l'auteure et aussi de découvrir d'autres auteurs de la maison d'édition.




1 commentaire:

Estelle Tharreau a dit…

Un grand merci Pierre-Marie pour cette très belle critique!