dimanche 18 décembre 2016

Mises à mort, Danielle Thiéry


Lecture dans le cadre d'un partenariat avec :

   


Une femme, debout sur le parapet d'un balcon à Lyon, fait une chute mortelle. Une ancienne gloire de la tauromachie est retrouvée sauvagement assassinée dans une chambre d’hôtel sordide. A des centaines de kilomètres de là, dans un sous-bois, un cadavre carbonisé est découvert, lui aussi mutilé.

Edwige Marion, jeune commissaire, sémillante et déterminée, est confrontée à une série de meurtres atroces, apparemment gratuits. Les maigres indices dont elle dispose, des pollens de la forêt des Landes et quelques cheveux, confortent son intuition : ces meurtres sont tous liés à la corrida.


Le récit s'ouvre sur une scène de meurtre en cours où l'on a le ressenti de la victime à demi-inconsciente qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Puis l'on fait rapidement connaissance avec l'enquêtrice principale qui fait son jogging au bord du Rhône, et aperçoit un attroupement sur les berges du fleuve, deux de ses adjoints sont déjà sur place entourant le cadavre d'une jeune femme qui vient d'être repêchée. Il s'agit du corps d'une avocate disparue il y a un mois, elle est son client un ancien torero ne s'étaient pas présentés à une audience pour escroquerie. Le corps de l'ancienne gloire de la tauromachie avait été retrouvé nu et atrocement mutilé à son hôtel et les policiers ne disposaient que peu d'indices, un K-Way plutôt ancien avec dans les poches du pollen et quelques cheveux blancs. Une clocharde avait contacté la police à l'époque signalant qu'elle avait vu une femme qui dansait sur la rambarde de son balcon faire une chute mortelle. Mais les policiers à leur arrivée à l’hôtel de l'avocate, le corps avait disparue et l'orage effacé toute trace. Ils n'avaient alors pas tenu compte des dires de la pocharde. Ce n'est qu'après la découverte du corps de la jeune femme et sa mention dans les journaux que la commissaire et ses adjoints furent contactés par la femme de chambre de l’hôtel, à l'époque hospitalisée , une jeune femme blonde était venue voir l'avocate peu de temps avant le signalement de sa chute.

Avec peu d'indices l'enquête démarre plutôt mal pour la commissaire et ses adjoints de la DPJ de Lyon. Mais la découverte d'un corps d'un corps dans la forêt des Landes présentant les mêmes blessures signalé par le légiste et l'identification des pollens vont amener les enquêteurs à se rendre dans les Landes d'où l'avocate était originaire.

On suit en parallèle le déroulement de l'enquête, de l'équipe de Lyon, renforcée par les enquêteurs de la DPJ de Bordeaux chargé du meurtre des Landes avec les scènes où la meurtrière poursuit sa vengeance avec un certain acharnement qui n’épargne pas une victime collatérale.

Si le fait que le lecteur connaissance depuis le début l'identité du meurtrier est préjudiciable au déroulement de l'enquête qui semble maladroite, l’intérêt du récit ne réside pas sur ce point, mais dans les motivations qui conduit le sérial-killer à poursuivre sa vengeance pour exorciser un traumatisme subi à l'adolescence. L'enquête en elle même n'avance pas et le chemin du meurtrier croisera de nombreuses fois celui des enquêteurs qui peinent à rattraper leur retard sur le lecteur.

Mais l'intérêt de l'histoire ne réside pas sur l'enquête mais sur ce qui se passe dans l'esprit du meurtrier qui remonte petit à petit ses souvenirs sur le drame qui s'est déroulé dans sa jeunesse. Le point fort du récit extrêmement noir réside sur le cheminement des pensées et des visions du meurtrier au fur et à mesure qu'il se rappelle les détails de la tragédie familiale qui s'est déroulé il y a quelques années et les crimes vont se succéder au fur et à mesure que reviennent les visages des acteurs et témoins du drame. L'intensité du roman se fait plus oppressante au fur et à mesure que l’auteure dépeint le climat dans lequel a vécu le meurtrier et ce qui l' a poussé à agir : une vie sans amour, un rejet, des brimades dans un milieu où autant les hommes que les femmes sont sans scrupules, un monde de violence, un monde où l'alcool coule à flots jusqu'à la déviance pousse au paroxysme de la cruauté et aussi. Un acte odieux approuvé par le maître tout puissant et dont la crainte qu'il cause à son entourage interdit à tous de révéler ce qui s'est passé tant aux acteurs de la tragédie qu'aux témoins impuissants.

A l'opposé de l'intrigue toute en maîtrise, l'on pourrait s'étonner que l'auteure nous serve la sempiternelle guère de service entre la police et la gendarmerie, et aussi tous les clichés possibles, allant du policier cow-boy à la nymphomane, en passant par l'intello homosexuel, le commissaire dragueur impénitent, l'adjoint qui ne se remet pas d'une liaison passée jusqu'à la commissaire qui à l'impression d'avoir gâchée sa vie sentimentale, mais cette manière de procéder ne fait que renforcer la gravité des faits qui se déroulent. Et la légèreté dans les échanges verbaux permettent aux enquêteurs de compresser entre les moments difficiles de la constations des scènes particulièrement violente.

L'auteure nous livre avec Mises à Mort un très bon policier sombre à souhait et qui donne envie de retrouver l'équipe d'enquêteurs dans une enquête aussi intense.





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