Le
général Dun-Cadal fut le plus grand héros de l'Empire mais il
n'est plus aujourd'hui que l'ombre de lui-même, une lamentable épave
au fin fond d'une taverne.
C'est là qu'une jeune historienne vient le trouver. Elle est à la recherche de l'épée de l'Empereur, disparue dans le chaos des derniers jours de son règne, et que Dun-Cadal aurait cachée en un lieu secret.
Pour elle, le vieux guerrier va ressasser ses souvenirs de gloire et ses regrets amers, à commencer par sa rencontre avec ce garçon qui lui sauva la vie et fit sa fierté avant qu'ils ne basculent tous deux dans le drame et le tourbillon de l'Histoire.
C'est alors qu'un assassin sans visage se met à frapper au cœur de la République. Les fantômes du passé refont soudain surface, ravivant les anciennes rancœurs et la soif de vengeance d'un homme perdu sur la voie de la colère.
Suite
à l'annonce de l'éditeur présentant le roman comme l'un des
meilleurs de la décennie et à la lecture des entrefilets de la
presse tous les plus élogieux les uns que les autres, je ne pouvais
que placer La voie de la colère dans ma wish-list. Déjà
échaudé par plusieurs romans du même éditeur, à savoir Le nom
du vent que je n'ai pas terminé, le seul du genre depuis plus de
quarante ans, j'ai préféré attendre de lire les chroniques sur la
blogosphère. Malgré des chroniques plutôt tièdes j'ai tout de
même cédé à la tentation, mais c'est avec un certain a priori que
j'entamais ma lecture.
Les
toutes premières pages s'avéraient plutôt intéressantes, l'auteur
laissant transparaître derrière des phrases plutôt anodines une
certaine tension, un bon point pour le récit ! Les personnages,
de prime abord, bien esquissés, d'un côté un général
vieillissant que l'on devine torturé et amer, de l'autre son opposé
une jeune érudite qui paraît brillante et qui veut croquer la vie à
pleine dents, un contraste saisissant et prometteur, tout ce que l'on
aime. Les dialogues truculents emplis d'ironie, d’amertume, de
causticité de la part de l'ancien militaire auguraient également
une lecture captivante.
Eh,
là, oh stupeur !
Le
côté trop classique de l'intrigue, à savoir retrouvé une épée,
de surcroît magique, vient d'un seul coup réduire à néant les
bonnes impressions de départ. Un postulat de départ qui depuis
Terry Brooks et son excellent Épée de Sahnnara, pour l'époque bien
sûr, nous est servi à toutes les sauces. Si Excalibur apportait un
côté merveilleux et magique au récit, et rendait la Geste de
Bretagne plus que captivante, on n'est malheureusement plus au VIéme
siècle.
Et
quelques petits paragraphes plus loin : je cite « Dun
tendit une main vers le pichet et, sans que ses doigts le touchent,
celui-ci glissa sur le table »
Et
l'auteur nous sert de la télékinésie, une magie qui nous fait
faire un sacré bond dans le passé et nous ramène à l'époque de
Gary Gygax et de son D and D (mes excuses pour les plus jeunes
c'était en 1974).
Et
non !!! Tout de suite l'auteur nous apprend que c'est le
souffle.
Le
souffle !!! Ça ne vous évoque rien ? Pour moi ce
n'est pas sans me rappeler une certaine trilogie.
Rien
que de l'original !!! Quand on fait une telle apologie d'un
roman, le lecteur est en droit de s'attendre à une certaine part
d'originalité
Et
nous n'en sommes toujours qu'au premier chapitre !!!
Que
nous réserves la suite ???
C'est
donc avec une certaine incrédulité que je me décidait à
poursuivre ma lecture et rechercher les points forts du roman :
ce n'est pas parce que le début d'un roman n'est pas que la suite
soit forcément inintéressante.
Une
ancienne gloire de l'Empire, aujourd'hui déchu, narre à une jeune
historienne ses derniers faits de guerre et la relation qu'il a
entretenu avec l’élevé qu'il a formé après que celui-ci l'ait
sauvé lors d'un affrontement entre les forces de l'Empire et de ses
opposants désireux de fonder une République.
L'auteur
nous présente le récit en deux parties, chaque partie représentant
le même événement qui est narré tout d'abord du point de vue du
maître et d'autre part du point de vue de l’élève. Si l'histoire
en elle-même se révèle plutôt intéressante, cette manière de
procédé est un à la fois un avantage mais aussi un gros, très
gros désavantage. Un avantage car elle apporte au lecteur des
éclaircissements sur la première partie. Mais aussi un très gros
désavantage car il y a d'une part redondances d'informations et
d'autre part elle multiplie les longueurs déjà par trop présentes
dues au récit initiatique.
L'univers
n'est pas très original, pas assez fouillé et géographiquement
parlant l'absence de cartes ne permettent pas au lecteur de s'en
imprégner. La seule partie intéressante s'avère être l'opposition
entre les deux régimes politiques. Le bestiaire apporte un plus au
récit mais il aurait pu être plus profondément exploité.
L'intrigue
quand à elle et comme nous l'avons vu au premier chapitre est trop
classique et pas suffisamment exploitée pour attirer pleinement
notre attention tout au long du récit.
Même
si les personnages se révèle plutôt complexes leur facture
classique ne parvient pas a attirer l'empathie des lecteurs, ils
donnent l'impression d'être creux. Le personnage le plus intéressant
et auquel aurait pu s'attacher le lecteur c'est celui de la jeune
historienne, malheureusement peu exploité par l'auteur. Les
personnages féminins ne servant dans ce roman que de faire valoir ou
à faire tapisserie.
Si
l'histoire est peu intéressante le style de l'auteur est plutôt
intéressant et riche, mais l'approche qui est faite du récit noie
cette qualité dans la multitude des ornières qui jalonnent le
récit. Une approche différente de l'histoire aurait peut être pu
attirer l'enthousiasme du lecteur.
La
Voie de la Colère est un roman de fantasy trop classique, traité
d'une manière qui ne favorise pas la dynamique, une magie trop
simple, et qui malgré de bons passages n'arrivent pas à susciter
chez le lecteur l'envie de poursuivre le cycle.
Une
telle publicité autour du roman aurait du mettre en garde le
lecteur, les éditions Bragelonne est assez coutumière du fait,
elles nous avaient déjà servi un roman insipide avec Le Nom du
Vent, à nouveau elle nous sert un récit peu intéressant même s'il
comporte un peu plus d'action. Décidément cela confirme qu'il faut
attendre les promotions numériques pour acquérir un ouvrage à prix
intéressant.
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