jeudi 11 décembre 2014

La voie de la colère, Antoine Rouaud




Le général Dun-Cadal fut le plus grand héros de l'Empire mais il n'est plus aujourd'hui que l'ombre de lui-même, une lamentable épave au fin fond d'une taverne.

C'est là qu'une jeune historienne vient le trouver. Elle est à la recherche de l'épée de l'Empereur, disparue dans le chaos des derniers jours de son règne, et que Dun-Cadal aurait cachée en un lieu secret.

Pour elle, le vieux guerrier va ressasser ses souvenirs de gloire et ses regrets amers, à commencer par sa rencontre avec ce garçon qui lui sauva la vie et fit sa fierté avant qu'ils ne basculent tous deux dans le drame et le tourbillon de l'Histoire.


C'est alors qu'un assassin sans visage se met à frapper au cœur de la République. Les fantômes du passé refont soudain surface, ravivant les anciennes rancœurs et la soif de vengeance d'un homme perdu sur la voie de la colère.


Suite à l'annonce de l'éditeur présentant le roman comme l'un des meilleurs de la décennie et à la lecture des entrefilets de la presse tous les plus élogieux les uns que les autres, je ne pouvais que placer La voie de la colère dans ma wish-list. Déjà échaudé par plusieurs romans du même éditeur, à savoir Le nom du vent que je n'ai pas terminé, le seul du genre depuis plus de quarante ans, j'ai préféré attendre de lire les chroniques sur la blogosphère. Malgré des chroniques plutôt tièdes j'ai tout de même cédé à la tentation, mais c'est avec un certain a priori que j'entamais ma lecture.

Les toutes premières pages s'avéraient plutôt intéressantes, l'auteur laissant transparaître derrière des phrases plutôt anodines une certaine tension, un bon point pour le récit ! Les personnages, de prime abord, bien esquissés, d'un côté un général vieillissant que l'on devine torturé et amer, de l'autre son opposé une jeune érudite qui paraît brillante et qui veut croquer la vie à pleine dents, un contraste saisissant et prometteur, tout ce que l'on aime. Les dialogues truculents emplis d'ironie, d’amertume, de causticité de la part de l'ancien militaire auguraient également une lecture captivante.

Eh, là, oh stupeur !

Le côté trop classique de l'intrigue, à savoir retrouvé une épée, de surcroît magique, vient d'un seul coup réduire à néant les bonnes impressions de départ. Un postulat de départ qui depuis Terry Brooks et son excellent Épée de Sahnnara, pour l'époque bien sûr, nous est servi à toutes les sauces. Si Excalibur apportait un côté merveilleux et magique au récit, et rendait la Geste de Bretagne plus que captivante, on n'est malheureusement plus au VIéme siècle.

Et quelques petits paragraphes plus loin : je cite « Dun tendit une main vers le pichet et, sans que ses doigts le touchent, celui-ci glissa sur le table »

Et l'auteur nous sert de la télékinésie, une magie qui nous fait faire un sacré bond dans le passé et nous ramène à l'époque de Gary Gygax et de son D and D (mes excuses pour les plus jeunes c'était en 1974).

Et non !!! Tout de suite l'auteur nous apprend que c'est le souffle.

Le souffle !!! Ça ne vous évoque rien ? Pour moi ce n'est pas sans me rappeler une certaine trilogie.

Rien que de l'original !!! Quand on fait une telle apologie d'un roman, le lecteur est en droit de s'attendre à une certaine part d'originalité

Et nous n'en sommes toujours qu'au premier chapitre !!!

Que nous réserves la suite ???


C'est donc avec une certaine incrédulité que je me décidait à poursuivre ma lecture et rechercher les points forts du roman : ce n'est pas parce que le début d'un roman n'est pas que la suite soit forcément inintéressante.


Une ancienne gloire de l'Empire, aujourd'hui déchu, narre à une jeune historienne ses derniers faits de guerre et la relation qu'il a entretenu avec l’élevé qu'il a formé après que celui-ci l'ait sauvé lors d'un affrontement entre les forces de l'Empire et de ses opposants désireux de fonder une République.

L'auteur nous présente le récit en deux parties, chaque partie représentant le même événement qui est narré tout d'abord du point de vue du maître et d'autre part du point de vue de l’élève. Si l'histoire en elle-même se révèle plutôt intéressante, cette manière de procédé est un à la fois un avantage mais aussi un gros, très gros désavantage. Un avantage car elle apporte au lecteur des éclaircissements sur la première partie. Mais aussi un très gros désavantage car il y a d'une part redondances d'informations et d'autre part elle multiplie les longueurs déjà par trop présentes dues au récit initiatique.

L'univers n'est pas très original, pas assez fouillé et géographiquement parlant l'absence de cartes ne permettent pas au lecteur de s'en imprégner. La seule partie intéressante s'avère être l'opposition entre les deux régimes politiques. Le bestiaire apporte un plus au récit mais il aurait pu être plus profondément exploité.

L'intrigue quand à elle et comme nous l'avons vu au premier chapitre est trop classique et pas suffisamment exploitée pour attirer pleinement notre attention tout au long du récit.

Même si les personnages se révèle plutôt complexes leur facture classique ne parvient pas a attirer l'empathie des lecteurs, ils donnent l'impression d'être creux. Le personnage le plus intéressant et auquel aurait pu s'attacher le lecteur c'est celui de la jeune historienne, malheureusement peu exploité par l'auteur. Les personnages féminins ne servant dans ce roman que de faire valoir ou à faire tapisserie.

Si l'histoire est peu intéressante le style de l'auteur est plutôt intéressant et riche, mais l'approche qui est faite du récit noie cette qualité dans la multitude des ornières qui jalonnent le récit. Une approche différente de l'histoire aurait peut être pu attirer l'enthousiasme du lecteur.

La Voie de la Colère est un roman de fantasy trop classique, traité d'une manière qui ne favorise pas la dynamique, une magie trop simple, et qui malgré de bons passages n'arrivent pas à susciter chez le lecteur l'envie de poursuivre le cycle.

Une telle publicité autour du roman aurait du mettre en garde le lecteur, les éditions Bragelonne est assez coutumière du fait, elles nous avaient déjà servi un roman insipide avec Le Nom du Vent, à nouveau elle nous sert un récit peu intéressant même s'il comporte un peu plus d'action. Décidément cela confirme qu'il faut attendre les promotions numériques pour acquérir un ouvrage à prix intéressant.





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