Lecture dans le cadre du challenge :
Il
s'appelle Kane. Certains racontent qu'il est invincible, voire
immortel ; que la pierre de sang qu'il porte au doigt lui
confère un pouvoir surhumain. Il en est même pour affirmer qu’il
aurait Jhaniikest, la sorcière ailée, pour maîtresse. Il s’appelle
Kane et ne se reconnaît ni dieu, ni maître. Seuls ses rêves de
conquêtes et d’aventures le mènent de par le monde. Et aucun de
ceux qui l’ont affronté en combat singulier n’est plus là pour
s’en vanter. Il s’appelle Kane et voici son histoire.
Ce
premier opus de l'intégrale des œuvres de Karl Edward Wagner
comporte deux romans : La pierre de sang éditée en 1975 et La
croisade des ténèbres qui est sortie en 1976.
Dans
le premier roman, Kane, le héros joue un double jeu en dressant deux
royaumes l'un contre l'autre dans le but de s'emparer des terres à
son profit. Après avoir trouvé une bague ancienne qui lui permet de
manipuler les représentants dégénérés d'une race ancienne qui
dominait dans le passé une terre pré-humaine, mais aussi de
contrôler apparemment une Intelligence Artificielle d'origine
extra-terrestre il va s'attaquer aux deux royaumes après qu'ils
aient eux même livrés bataille. Mais Kane ne se rend pas compte que
c'est l'AI qui le contrôle mais non l'inverse.
Un
premier récit au carrefour de la Sword and Sorcery et de la science
fantasy où l'affrontement entre la magie et la technique n'est pas
inintéressant malgré certaines longueurs qui ne sont pas toujours
directement en relation avec l'intrigue elle-même.
Le
deuxième roman de ce premier tome des aventures de Kane, hormis sa
présence,est totalement indépendant du premier opus de l'intégrale.
Grâce
aux sympathies de la population, un ancien pillard dirige la cité
d'Ingoldi sous le nom d'Ortéde Ak-Ceddi prophète du culte démonique
de Sataki une divinité maléfique qui fait régner la terreur dans
le royaume. Kane suite à une intrigue de palais doit fuir Sandotnéri
où il occupait le poste de général des armées. Pour se venger du
nouveau général Jarvo, il propose à Ortéde ses services pour
créer une véritable armée pour conquérir les terres du sud. Une
proposition qui n'est pas totalement désintéressée car une fois de
plus il voudrait s'emparer des terres conquises et renverser Ortéde,
mais tout ne va pas se passer comme il le prévoyait.
Cette
deuxième histoire est plus classique que la première et s'approche
plus de l'héroïc-fantasy que de la Sword and Sorcery même si les
démons sont bien présents dans ce récit matinée du touche
lovecraftienne. Ici le rythme est plus rapide, les combats fort bien
maîtrisés, les renversements de situation plus nombreux et les
différents protagonistes de premier plan tous aussi fourbe que le
héros. L'ambiance de cauchemar totalitaire du culte sataniste est
fort bien rendue, pesante à souhait. Si tout comme dans le premier
récit les trahisons et les coups de théâtre sont nombreux et
spectaculaires, la galerie de personnages est moins fournie, le
destin du général Jarvo et les démêlés de Kane avec le prophète
de Sataki sont plus plaisants à suivre car il y a moins de
longueurs. Ce récit plus direct et les nombreux combats de masse qui
s'y déroule donnent une dynamique de lecture plus nerveuse.
Kane
est un héros qui tranche considérablement avec les héros d'Howard
et de Leiber qui combattent le mal. Il se rapproche à de nombreux
détails près du personnage de Moorcock, totalement immoral il veut
toujours être le meilleur n'hésitant pas à employer n'importe
quels moyens et pactisant même avec le chaos pour y parvenir.
Dans
ces deux premiers opus les personnages de premier plan se révèlent
majoritairement tout aussi diaboliques que le héros. On est dans
une fantasy vieillissante et hormis ceux ayant un rôle primordial
dans le récit, les personnages secondaires sont peu développés au
plan psychologique et ne sont là que pour mettre en valeur un héros,
si l'on peut vraiment le considérer de cette manière.
L’écriture
est très riche, utilisant des termes peu usités de nos jours tirés
du moyen-âge, ce qui pourrait gêner certains lecteurs. Le style de
l'auteur s'avère très descriptif on n’échappe pas à quelques
longueurs parfois légèrement indigestes dans les moments où
l'action n'est pas présente.
Au
final, à l'instar des grands noms des précurseurs de la fantasy,
l’œuvre de Karl Edward Wagner est magistrale : elle est à
découvrir pour les plus mordus de la fantasy, mais pourra toutefois
rebuter les lecteurs moins passionnés du mélange des genres.
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